

Les Mémoires de Saint-Simon ont été lus comme un travail d'historien mais aussi comme un monument du style littéraire. Qu'en est-il vraiment ? Et si, en littérature, c'était en cherchant non pas le style mais la vérité, qu'on s'approchait le plus du grand style ?
- Marc Hersant professeur de littérature française à la Sorbonne nouvelle
Certains écrivains ne louent que le style chez Saint-Simon : les Romantiques l'ont lu et s’en sont inspirés, les frères Goncourt auraient dit : "il n’y a que trois styles : la Bible, les Latins, et Saint-Simon", et Stendhal fait dire à son double, Henry Brulard : "les épinards et Saint-Simon ont été mes seuls goûts durables".
Pourtant, Saint-Simon dit ne pas faire grand cas du style, pressé d’écrire les Mémoires... Mais tout en disant cela, il écrit un texte pour justifier son absence de style… Alors quelle relation avait-il avec la question du style ? La vérité du texte était-elle primordiale pour Saint-Simon, bien avant le style ?
L'invité du jour :
Marc Hersant, professeur de littérature française à la Sorbonne nouvelle
Non pas un, mais des styles
Les Mémoires de Saint-Simon ne se présentent pas dans un style unique et homogène mais DES styles différents selon les sujets qu’il aborde, son humeur. Ce qu’il tient comme discours sur son œuvre c’est qu’il ne s’est pas préoccupé de style, ce n'est pas son affaire…
Marc Hersant
L'obsession de la vérité
Si le style est négligeable et méprisable, chez le cardinal de Retz ou chez le mémorialiste Monluc, une chose est vraiment valorisée : la vérité… Qui apparaît comme l’essence de l’aristocratie digne de ce nom, la vérité devrait sortir de la bouche des nobles comme les bijoux de la bouche de la petite fille dans les contes de Perrault… un aristocrate qui n’est pas dans la vérité, pour Saint-Simon, c’est un aristocrate qui a trahi ses origines. Cette obsession de la vérité, c’est un topos que l’on trouve un peu partout chez les mémorialistes et les écrivains de l’ancien régime mais il ne faut pas oublier que chez Saint-Simon cela prend une dimension obsessionnelle, incantatoire, répétitive. J’ai souvent comparé Saint-Simon à Rousseau, ce sont les deux grands orchestrateurs du discours de vérité.
Marc Hersant
Textes lus par Daniel Mesguich :
- Extrait des Mémoires, de Saint-Simon, tome 7, La Pléiade
- Portrait du duc de Noailles, extrait des Mémoires, de Saint-Simon, tome 5, La Pléiade (avec une musique de Guia Kantcheli, Corde)
- Sur la princesse d'Harcourt, extrait des Mémoires, de Saint-Simon, tome 2, La Pléiade
Sons diffusés :
- Archive de Louis Aragon chantant les louanges de Saint-Simon, dans l'émission Parler en prose et le savoir, RTF, 08/02/1955
- Lecture du Temps retrouvé, de Marcel Proust, par André Dussollier, éditions Thélème
- Chanson de fin : Les Frères Jacques, La marquise a dit
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