Le chat, ce “tigre de salon” comme le qualifiait Flaubert, partage nos vies depuis environ 10 mille ans, pourtant, il nous échappe... Qui est-il ? Que renvoie son regard ? Comment penser la singularité animale ?
- Florence Burgat Philosophe, directrice de recherche à l’ENS
L'invitée du jour :
Florence Burgat, philosophe, directrice de recherche à l'Institut national de la recherche agronomique, affectée aux archives Husserl à l'ENS
Un regard pensif
Le chat a l'air constamment pensif, et l'expérience de son regard est très importante pour retourner cette métaphysique classique qui voit dans les animaux des êtres vides. Derrida en a parlé, de ce moment où je me vois vu par un animal, ce n'est non pas moi qui regarde l'animal et qui essaye de me dire à quoi il pense, qui il est, etc, mais ce moment où je suis un peu interrompu par le regard de cet animal sur moi et où je comprends que ça n'est pas seulement moi qui l'évalue, mais lui qui est en train de me jauger, de me juger, de m'évaluer, en tout cas il y a cette interrogation qu'il porte sur nous, et on peut dire que très probablement, les animaux portent un regard sur nous comme ils portent un regard sur la totalité des choses qui les entourent.
Florence BurgatPublicité
Le chat, un anarchiste ?
Je pense qu'on aime chez le chat cette résistance à être dominé, à se plier à des règles, le chat c'est l'anarchie, il a ses propres vues, il n'a pas complètement abdiqué sa liberté, sa façon de voir, ses désirs.
Florence Burgat
Ni sauvage, ni domestique
Le chat casse cette opposition entre animal domestique et animal sauvage. On ne sait pas où le situer. Il a un pied des deux côtés. Qu'est-ce qui lui plaît dans la vie qu'il peut mener avec nous ? Qu'est ce qu'il nous trouve au bout du compte ? Il ne s'agit pas de "reconnaissance du ventre". Il trouve quelque chose dans la compagnie de certains humains. Du reste, il les choisit quand il le peut, et ce n'est pas simplement le confort d'une maison.
Florence Burgat
Textes lus par Hélène Lausseur :
- Pierre Loti, Reflets sur la route sombre, 1899, éditions Calmann-Lévy, pages 50-51 (avec une musique de Max de Wardener, America, album Where I am today)
- Buffon, Histoire naturelle, tome IV, 1793, éditions Folio, pages 51-53
Sons diffusés :
- Les petits chanteurs à la croix de bois, Duo des chats, dans l'album À tout choeur
- Mix d'ouverture de Laurence Malonda avec des extraits des films : La nuit américaine de François Truffaut (1973), Bernie de Albert Dupontel (1996), La cité de la peur de Alain Berberian (1994), Les Aristochats de Wolfgang Reitherman (1970), Un homme et une femme de Claude Lelouch (1966)
- Extrait de L'Abécédaire de Gilles Deleuze, produit par Pierre-André Boutang, 1988-1989
- Archive radio-trottoir vers 1984, Bonjour village, RBO
- Extrait du film Le privé, de Robert Altman, 1973
- Archive de Colette qui parle de sa chatte Peronelle, 1er janvier 1948, RDF
- Archive de Jean Grenier, 1968, dans Entretiens avec Jean Grenier, France Culture
- Extrait du film Le chat, de Pierre Granier-Deferre, 1971
- Chanson de fin : Tom Jones, What’s new pussycat
Dessin de Anaïs Ysebaert : Insta @anais.ysebaert
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