"Les Frères Karamazov" : comment tuer le père ? : épisode 1/4 du podcast Philosophie de la figure du père

Richard Basehart et William Shatner, deux frères Karamazov dans le film de Richard Brooks, sorti en 1958
Richard Basehart et William Shatner, deux frères Karamazov dans le film de Richard Brooks, sorti en 1958 ©Getty - Metro-Goldwyn-Mayer
Richard Basehart et William Shatner, deux frères Karamazov dans le film de Richard Brooks, sorti en 1958 ©Getty - Metro-Goldwyn-Mayer
Richard Basehart et William Shatner, deux frères Karamazov dans le film de Richard Brooks, sorti en 1958 ©Getty - Metro-Goldwyn-Mayer
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"Les Frères Karamazov", publié en 1880, est l'un des chefs-d'oeuvre de l'écrivain russe Fédor Dostoïevski (1821-1881). Le roman met en scène un père et ses quatre fils, trois légitimes, un illégitime. L'un d'eux sera parricide... Que faire de l'héritage ? Existe-t-il une liberté ?

Avec

Une série d'émissions présentée par Géraldine Mosna-Savoye

Envahissant ou absent, papa poule ou daddy cool, rêvé ou désacralisé, nous avons tous, un père. Mais le père est-il toujours le même ?
Est-il plus qu'un géniteur, ou rien qu'un éducateur ? Détient-il forcément l'autorité ou doit-il seulement nous aimer ? Est-il un modèle ou a-t-il tout du "vrai mec" ? Et si le père n'avait aucune utilité, pas d'autorité, pas de sexualité, pas de sensibilité, serait-il encore le père ?
Cette semaine, du complexe d'Oedipe au Roi Lear, des Frères Karamazov au patriarcat chahuté, nous mettons à nu la figure et les fissures paternelles...

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L'invité du jour :

André Markowicz, poète et traducteur
André Markowicz est le créateur de la maison d'édition Mesures qui propose, non pas de s'abonner à une revue, mais à une maison d'édition, selon le principe de l'abonnement au "panier paysan", en acceptant de ne pas savoir ce que l'on reçoit tout au long le l'année, en acceptant l'idée de découvrir des textes... Pour s'abonner, suivre le lien de la maison d'édition.

Le père Karamazov, une crapule, un jouisseur porté sur soi

On peut résumer le roman des "Frères Karamazov" à une phrase : c'est l'histoire d'un père qui s’est marié deux fois et qui a eu trois enfants qu’il n’a pas élevés. Ce n’est pas qu’il les déteste, c’est qu’il considère que tout doit venir à lui parce que lui est vivant. La phrase essentielle de la paternité c’est la phrase de saint Jean-Baptiste qui dit à Jésus : "Tu viens pour que je diminue". Le père Karamazov, lui, n’a aucune intention de diminuer…  
André Markowicz

Significations de "Karamazov"

On a beaucoup écrit sur ce que signifie "Karamazov". "Mazov" signifie l’onction, et "Kara" peut avoir deux sens : le premier, un sens étymologique des langues turques , noir, donc l’onction du noir ; mais en russe "Kara" c’est le châtiment, la vengeance… C’est donc l’onction de la vengeance et l’onction du noir. Et c’est ce nom-là qu’il porte et qu’il transmet à ses enfants. Et c’est ça que Dmitri Karamazovappelle être karamazovien, non seulement être sensuel, jouisseur, crapuleux, mais porté sur soi, une espèce de vengeance qui n’est pas la sienne, celle de bien avant, comme un péché qu’on pourrait appeler originel...
André Markowicz

Les Chemins de la philosophie
58 min

Textes lus par Georges Claisse :

  • Extrait des Frères Karamazov de Fédor Dostoïevski, Livre I, chapitre 1, Fiodor Pavlovitch Karamazov, traduction d'André Markowicz, éditions Actes Sud collection Babel
  • Extrait des Frères Karamazov de Fédor Dostoïevski, Partie II, Livre V, chapitre 5, Le grand inquisiteur, traduction d'André Markowicz, éditions Actes Sud
  • Extrait des Frères Karamazov de Fédor Dostoïevski, Livre II, chapitre 9, Le Diable : le cauchemar d'Ivan Fiodorovitch, traduction d'André Markowicz, éditions Actes Sud collection Babel
  • Extrait des Frères Karamazov de Fédor Dostoïevski, Partie II, Livre V, chapitre 4, La rébellion, traduction d'André Markowicz, éditions Actes Sud

Sons diffusés :

  • Montage d'ouverture par Thomas Beau : extraits des films La Gloire de mon père d'Yves Robert, Star Wars, épisode V : L'Empire contre-attaque de Irvin Kershner, Un air de famille de Cédric Klapisch, Mon père, ce héros de Gérard Lauzier, Les Frères Karamazov de Ivan Pyriev, et un extrait de La Lettre au père de Franz Kafka lue par Thomas Compère-Morel
  • Musique du film Les Frères Karamazov, de Richard Brooks, 1958
  • Chanson de fin : Suprême NTM, Laisse pas traîner ton fils

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