Verlaine est-il le poète absolu de l'automne ? Que nous dit cette saison de gouttes de pluie, de gouttes de larmes, au climat crépusculaire ?
- Jean-Michel Maulpoix Écrivain et poète
"Je n'ai jamais été mélancolique de ma vie", affirme Paul Verlaine : mais alors, comment redéfinir les contours de l'émotion qui traverse son oeuvre ? Comment parler de sa vibrante poétique ?
L'invité du jour :
Jean-Michel Maulpoix, écrivain
Verlaine, poète de l'automne
Il y a une texture automnale de l'écriture de Verlaine, et un certain nombre de textes très célèbres sont inspirés par l'automne. Mais par delà, il y a aussi une inflexion automnale plutôt qu'une inflexion mélancolique, une atmosphère de crépuscule et une espèce d'affaiblissement des énergies qui circulent dans l'ensemble de son œuvre. On est à la fin de quelque chose, on est dans un stade terminal du lyrisme, avec Verlaine, qui se décompose quasiment sous nos yeux, et qui se recompose parfois de façon assez inattendue_._
Jean-Michel Maulpoix
Une mélancolie nouvelle
Il faudrait redéfinir les contours de la mélancolie chez Verlaine : c'est aussi bien la défaite des espérances que l'état crépusculaire des idées et des formes que la thématique d'époque -le monde va finir, disait déjà Baudelaire-, que le sentiment d'une tristesse constitutive, d'une nature mal identifiable, l'idée d'un moi qui est dépossédé constamment de lui-même. Ce sont ces ingrédients qui rentrent dans la composition d'une mélancolie nouvelle, mais ce n'est pas la mélancolie.
Jean-Michel Maulpoix
Faire vibrer les incertitudes
Verlaine n'est pas un poète accueillant, il est très émietté. Il ne nous propose pas un monde dans lequel nous pourrions nous installer. Il est très imprévisible, très contradictoire. Verlaine, ce n'est pas seulement ce mélancolique qui nous pèse, parfois c'est aussi un blagueur, un joueur, un moqueur, un virtuose, quelqu'un qui a le goût de la provocation, qui mélange de manière étrange la naïveté avec la rouerie et le savoir faire le plus inattendu qui soit... Il prend souvent à contre-pied son son lecteur. Il a le goût des formes, des contraintes, des boiterie, des négligences. Sa poétique toute entière fait vibrer les incertitudes.
Jean-Michel Maulpoix
Sons diffusés :
- Archive de Radio Londres : les vers de Verlaine ont servi à annoncer le débarquement du 6 juin 1944
- Extrait du film Frantz, de François Ozon, 2016
- Chanson de Charles Trenet, Verlaine
- La Bonne Chanson, Poèmes Saturniens, Paysages tristes, 1866, vinyle Paul Verlaine enregistré sous la direction artistique de Michel Dulud et interprété par Robert Hirsch
- Il pleure dans mon cœur, Romances sans paroles, 1874, vinyle Paul Verlaine enregistré sous la direction artistique de Michel Dulud et interprété par Robert Hirsch
- Nevermore, Poèmes Saturniens, 1866, lecture de Jean Negroni, France Culture, 02 octobre 1981 (avec une musique de Gary Peacock, So green, album : Shift in the wind)
- Verlaine, Art poétique, 1874, chanté par Léo Ferré dans l'album Verlaine et Rimbaud, 1964
- Charles Baudelaire, Chant d’Automne, Les Fleurs du Mal, 1857, lecture Michel Piccoli, livre audio Les fleurs du mal, éditions Thélème
- Chanson de fin : Serge Gainsbourg, Je suis venu te dire que je m’en vais
L'équipe
- Production
- Production déléguée
- Réalisation
- Collaboration
- Réalisation
- Collaboration
- Collaboration