Machiavel, un cynique qui vous veut du bien : le Prince

Premier temps de notre semaine consacrée à Machiavel. Quelle différence entre le cynisme et le machiavélisme ? De quelle manière la politique doit-elle évincer l'influence des passions ? Comment la vertu peut-elle ne pas être morale ? Comment un prince doit-il saisir l'occasion qui se présente à lui ? Autant de questions fondamentales pour comprendre Machiavel auxquelles vient répondre aujourd'hui Jean-Louis Fournel.

Pourquoi la postérité n'a garder que de ce penseur politique hors pair, une caricature déformante et un esprit qui veut le mal ? Il s'agit bien d'un malentendu qu'il s'agit ici de dissiper.

La pensée de Machiavel a été remise au goût du jour par la série House of cards, créée par Beau Willimon, et dans laquelle le président des Etats-Unis, Franck Underwood - incarné par Kevin Spacey - est présenté comme un animal féroce qui va gouverner et utiliser tous les leviers et éliminer ses opposants, sans jamais être arrêté. 

Dans cette série, on a affaire aux usages de Machiavel, aux lectures machiavéliques, qui font partie de l'étude sur Machiavel et de ce qu'il a lui-même produit. Mais ces usages relèvent de pratiques lacunaires : on prend des phrases en les tirants de leur contexte, on s'arrêt sur des mots sans savoir ce que cela veut dire vraiment. Et ainsi, on arrache Machiavel à l'histoire, et arracher Machiavel à l'histoire c'est ne rien comprendre à Machiavel. Il faut d'abord le remettre dans son contexte pour le comprendre. Jean-Louis Fournel, historien

Dans la première partie de sa vie, Machiavel est secrétaire auprès de La République florentine, pour laquelle il effectue plusieurs missions diplomatiques, notamment auprès de la papauté et de la cour de France. Plus tard, il se retire à la campagne pour écrire Le Prince, Discours sur la première décade de Tite-Live ou encore Histoires florentines.  

Pendant ces quinze année auprès de de la République florentines, Machiavel a beaucoup écrit. Et c'est dans ce travail d'écriture qu'il forge une façon de comprendre le monde et une façon d'écrire sa compréhension du monde. Jean-Louis Fournel

Il écrit pour agir. Il y a une tension permanente de l'inscription de l'écriture dans un acte politique. Lorsqu'il écrit Le Prince, il s'agit pour lui d'un devoir intellectuel profond, mais également d'un devoir politique. Depuis le début des guerres d'Italie, on a changé de monde. Jean-Louis Fournel

En effet, à la fin du XVe siècle, les armées françaises passent les Alpes, et envahissent la péninsule en quelques mois, pour conquérir le royaume de Naples. Cette guerre est violente, rapide, et a des effets dévastateurs sur la République florentine. 

Machiavel va s'efforcer de trouver les mots pour expliquer ce qui est en train de se passer. Sa pensée a été un tournant dans la pensée politique. Il fallait dire ce qu'il se passait pour que la République ne meurt pas, c'était un enjeux vital. Jean-Louis Fournel

Références musicales:

• Igor Stravinski , Tango
• Jeff Beal,  Politics to the Rescue
• MC Solaar, La fin justifie les moyens
• Pierre Phalèse , Allemande de don Frederico

Extraits :

• House of cards  (saison 1, épisode 1)
• Le métier des armes , film d**’Ermanno Olmi**  (2001)

Lecture :

Machiavel, Le prince ,ed. Jean-Louis Fournel  et Jean-Claude Zancarini,  (PUF, 2000)

Par Adèle Van Reeth

Réalisation :Nicolas Berger

Lectures : Jean-Louis Jacopin