Nul n’échappe à la démocratie : épisode 1/4 du podcast Alexis de Tocqueville, "De la démocratie en Amérique"

Charles-Henri-Alexis de Tocqueville Clere par Theodore Chasseriau
Charles-Henri-Alexis de Tocqueville Clere par Theodore Chasseriau ©Getty - DeAgostini
Charles-Henri-Alexis de Tocqueville Clere par Theodore Chasseriau ©Getty - DeAgostini
Charles-Henri-Alexis de Tocqueville Clere par Theodore Chasseriau ©Getty - DeAgostini
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La démocratie n'est plus nouvelle pour nous, mais en 1830, lorsque Tocqueville fait cap vers l'Amérique, il n'en est rien. Il part saisir l'inédit dans l'Histoire, observateur des moeurs qui font la société, avec la volonté d'exporter en Europe ce régime politique, et peut-être d'abord social.

Avec

Au début des années 1830, un enfant de la vieille noblesse normande, issu d'une famille légitimiste, devenu juriste sans grande conviction, décide de partir à la découverte des Etats-Unis.  Son nom : Alexis de Tocqueville. Son but ? Officiellement, étudier le système pénitentiaire américain. En vrai, voir comment fonctionne la démocratie.  Au bout de 10 mois, il en revient, des carnets remplis de notes, de réflexions, de souvenirs, d'entretiens... et une conviction : "il faut une science politique nouvelle à un monde tout nouveau". Aujourd'hui, presque 200 ans plus tard, ce monde nouveau, celui de la démocratie n'a plus rien de nouveau... Mais les deux volumes de La démocratie en Amérique, nés des centaines de pages noircies lors de son séjour outre-Atlantique, constituent encore la science politique par excellence, à même de nous révéler (et de nous prémunir) des maux de nos sociétés démocratiques actuelles.

L'invitée du jour :

Céline Spector, philosophe, professeure à l’UFR de Philosophie de Sorbonne Université

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L'Amérique, un modèle paisible, réglé, ordonné

"Tocqueville propose un nouveau modèle pour la démocratie en s'inspirant notamment de Montesquieu et ce que ce dernier avait fait pour l'Angleterre de son temps en essayant de décrire ces institutions, et de les présenter au peuple français. Tocqueville va donner de l'Amérique une image tout à fait nouvelle à une époque où seuls des auteurs mineurs s'intéressaient réellement à ce pays. C'est pour lui un modèle de démocratie paisible, réglée, ordonné, qui mérite qu'on s'y intéresse de près si on veut tenter de réguler la République, la démocratie en Europe et en France en particulier."
Céline Spector

Un ovni dans une famille légitimiste

"Tocqueville vient d'une famille légitimiste, et il y est un ovni. Il prête serment à la monarchie de juillet en 1830, juste avant de partir aux Etats-Unis, et c'est peut-être l'une des raisons de son départ : ce malaise vis-à-vis de cette monarchie. Il rompt avec ses attaches familiales. Pour lui, la démocratie s'impose. Et la démocratie, pour Tocqueville, ce n'est pas seulement un régime politique, celui où le peuple exerce la souveraine puissance, c'est un état social, un certain type de société dont il va décrire l'idéal type, une société régie fondamentalement par l'égalité des conditions."
Céline Spector

Textes lus par François Raison :

  • Alexis de Tocqueville, Introduction, De la démocratie en Amérique, Tome I (1835), éditions GF, page 57 
  • Alexis de Tocqueville, Introduction, De la démocratie en Amérique, Tome I (1835), éditions GF, pages 68-69 
  • Alexis de Tocqueville, Lettre à Louis de Kergolay, 29 juin 1831, dans Lettres choisies et Souvenirs (1814-1859), éditions Gallimard, pages 198-199 

Sons diffusés :

  • Mix de début d'émission par Laurence Malonda, avec des extraits de : Falling Skies, saison 5, épisode 6 réalisé par Jonathan Frakes ; archive de Raymond Aron ; et chanson d'Olivier Lebé, Red Skyline 
  • Archives de Raymond Aron, le 7 février 1963, dans Portrait souvenir de Tocqueville, ORTF 

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