

Portrait du professeur passionné Paul Clavier qui introduit une chose rare aujourd'hui dans l'enseignement : l'humour, et pour qui la philosophie est le dialogue où l'on ne déloge pas l’autre de sa position mais où l'on cherche à comprendre comment il y est arrivé.
- Paul Clavier Professeur de philosophie à l’université de Lorraine
Être philosophe, est-ce un métier ? Est-ce une vocation ? Comment se fabrique un concept ? Et quel est le rôle du philosophe dans la cité ?
L'invité du jour :
Paul Clavier, professeur de philosophie à l’université de Lorraine
Notre invité aujourd'hui se présente comme un recycleur de concepts : le monde, la raison, Dieu, le bien, sont des concepts qui existent depuis la nuit des temps, et le rôle du professeur de philosophie est peut-être de remettre au goût du jour des distinctions déjà établies.
Mais au fil des ans et des enseignements, des lignes directrices se dégagent, et le recyclage se transforme en création : ainsi a-t-il publié plusieurs ouvrages qui expriment une pensée qui lui est propre, et qui a pour thème de prédilection : la croyance, la création, Kant, et Dieu, qui sont peut-être une seule et même personne, mais aussi l'argent et la question de la dette, il n'hésite pas à pousser la chansonnette quand la situation devient grave, et récuse l'étiquette de philosophe analytique qui, paraît-il, "ne veut plus rien dire".
Le rôle de la philosophie est-il de nous venir en aide dans la vie ?
L'art de la philosophie : la communication
Pour moi la philosophie n’est pas l’art du consensus mais celui de reconnaître qu’il y a des intuitions différentes sur l’être humain, la vie. Ce n’est pas à coup d’arguments qu’on se mettra d’accord, en revanche, il faut faire l’effort de comprendre pourquoi l’autre prend telle option et moi celle-là, c’est le travail de la philosophie, le dialogue -socratique si l’on veut- dans lequel on n’essaie pas déloger l’autre de sa position mais comprendre comment il y est arrivé.
Paul Clavier
L’humour en philo
Le défaut d’humour des philosophes est peut-être lié au sérieux et à l’exigence. Que va-t-on dire sur le moi, l’être, le monde, le néant, l’amour, la vie, la mort ? Cela glace les choses. Platon dit que la philosophie c’est le jeu sérieux… on a gardé l’idée de sérieux mais on a oublié la notion ludique !
Paul Clavier
Et Dieu dans tout ça ?
Quand j’ai commencé la philo, il y avait ce sous-entendu : Dieu, c’est privé. En tant que croyant on était toléré, à condition qu’on n’en parle jamais en philo. Pourquoi ? Platon ne s’en prive pas. J’ai cru comprendre que la raison pour laquelle ça bloquait, c'est parce que Dieu est instrumentalisé comme une sorte de gendarme qui interdit ou autorise, les gens se sont dit : secouons le joug de la théologie et faisons une philosophie libérée de cette obédience qui n’apportait que de mauvais fruits ! Ce rejet adolescent est une bonne chose mais maintenant on peut grandir. Ce n’est pas parce que des gens ont instrumentalisé l’affirmation de l’existence de Dieu pour servir leurs desseins, qu’on doit dire que toute réflexion sur l’existence de Dieu est nécessairement au profit d’une entreprise de domination, d’asservissement ou de discrimination…
Paul Clavier
Sons diffusés :
- Extrait du film Un air de famille, de Cédric Klapisch, 1996
- Archive d'André Pessel, dans Le café des philosophes, France Culture, 11 août 1986
- Archive de Richard Swinburne, 31 mai 2014
- Extrait du film Bruce tout-puissant, de Tom Shadyac, 2003
- Paul Clavier réinterprète Georges Brassens avec sa Chanson pour l'étudiant lorrain
- Chanson de Louis Armstrong, Shadrack
- Archive d'Arnaud Montebourg, Europe 1, 22 novembre 2020
- Chanson de fin : Supertramp, Crime of the century
LES LIVRES DE CHEVET DE PAUL CLAVIER :
- Les Oeuvres de Simone Weil en Quarto Gallimard
- Fondation de Isaac Asimov aux éditions folio SF
- La Bible
L'équipe
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