Pour Rousseau, l’homme est naturellement libre. Pourtant, il affirme aussi que "quiconque refusera d’obéir à la volonté générale y sera contraint par tout le corps, ce qui ne signifie autre chose sinon qu’on le forcera d’être libre"… Mais comment et pourquoi forcer un citoyen à être libre ?
- Bruno Bernardi Enseignant et chercheur en philosophie spécialiste de la philosophie de Rousseau
« L’homme est né libre et partout il est dans les fers » affirme Rousseau dès la première ligne du Contrat social. Il affirme aussi que le seul pouvoir légitime dans la République qu’il décrit est celui détenu par la volonté générale qui n’est pas la volonté de la majorité, et que la liberté n’est pas concevable sans son corollaire, l’égalité.
À ces trois affirmations s’en ajoute une autre : quiconque refusera d’obéir à la volonté générale y sera contraint par tout le corps, ce qui ne signifie autre chose sinon qu’on le forcera d’être libre…
Qu’est-ce que la liberté ? Et qu’est-ce qu’une liberté forcée ?
L'invité du jour :
Bruno Bernardi, philosophe, spécialiste de l’histoire conceptuelle de la modernité politique et de la philosophie de J.-J. Rousseau
La loi a-t-elle la vocation de préserver ma liberté ?
Pour Rousseau, la loi est l’expression de ma liberté puisque tout simplement j’ai contribué à la faire en tant que citoyen. Dans son contenu-même, l’objet de la loi c’est bien de préserver l’égalité et la liberté.
Bruno Bernardi
Qu'est-ce que la liberté pour Rousseau ?
Pour Rousseau, la liberté de l’homme est strictement une liberté d’indépendance. Ma volonté ne me lie à personne d’autre. Je fais ce que je veux à une condition près, c’est que je le puisse. Ce qui fait que cette liberté « formellement d’indépendance infinie » est réellement restreinte. Cette liberté d’indépendance je l’ai perdue à partir du moment où je vis en société puisque je suis lié par des liens de dépendance mais surtout par des liens d’obligation à commencer par avoir accepté d’obéir à des lois. À partir de là, je vais gagner trois sortes de libertés en rentrant dans l’ordre civil : la liberté politique (n’être soumis à aucune volonté que la volonté générale et pouvoir contribuer à sa définition), la liberté civile (la société me protège ainsi que mes biens et me garantit de pouvoir faire tout ce que la loi n’interdit pas) et la liberté morale (le fait que ce je fais, je le fais par une décision volontaire).
Bruno Bernardi
Sons diffusés :
- Extrait du Contrat social de Rousseau, Livre I, chapitre 7, éditions Flammarion GF, lu par Denis Podalydès
- Chanson de Little Simz, Is This Freedom?
- Extrait du Contrat social de Rousseau, Livre III, chapitre 15, éditions Flammarion GF, lu par Denis Podalydès
- Montage de Thomas Beau sur le RIC
- Archive de Jean-Luc Mélanchon : "La République, c'est moi !", 16/10/2018
Texte lu par Pierre Rochefort :
- Extrait de De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes, de Benjamin Contant, discours prononcé à l'Athénée royal de Paris en 1819
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