

Du logicien Kurt Gödel jusqu’aux zombies, pour le philosophe Pierre Cassou-Noguès, il n’y a qu’un pas ! Que disent philosophiquement des personnages de fiction comme l’homme invisible, le zombie ou le vampire ? Comment la science-fiction nourrit-elle la pensée ?
- Pierre Cassou-Noguès Philosophe
Etre philosophe, est-ce un métier ? Est-ce une vocation ? Comment se fabrique un concept ? Et quel est le rôle du philosophe dans la cité ?
Pierre Cassou-Noguès a découvert les mathématiques avant la philosophie. Il a écrit sur Gödel, Hilbert, Cavaillès, pour interroger les liens entre philosophie et science et il est même parti explorer les rêves de Norbert Wiener, l'inventeur de la cybernétique.
Mais au gré de son travail, il a rencontré des zombies, des vampires et des machines de toutes sortes, ce qui l'a conduit à proposer un essai de cosmologie et une métaphysique des bords de mer. À moins que ce ne soit l'inverse ?
L'invité du jour :
Pierre Cassou-Noguès, professeur de philosophie à l’université Paris 8
La fiction arrime les concepts du philosophe
J’ai au départ beaucoup écrit sur les philosophes des sciences, Cavaillès par exemple, et aussi sur des scientifiques, pour interroger le rapport entre leur science, leur logique, et sinon leur vie, au moins les fictions qu’ils y entretenaient. À partir de là, ce qui m’a intéresé c’est le rapport entre la fiction et ce qu’on veut et ce qu’on doit considérer comme une forme de rationalité : comment est-ce que la fiction qui repose sur des ressorts imanents peut se lier à un discours qu’on veut dire rationnel ? La fiction en philosophie est comme la figure du géomètre pour Kant : comment démontrer que la somme des angles d’un triangle est égale à un angle plat ? Pour Kant, on ne peut pas résonner sur les concepts, il faut tracer la figure pour vérifier. La fiction joue le rôle de cette figure : si le philosophe essaie de réfléchir à des concepts dans l’abstraction, ils sont vides, ils tournent en rond, le philosophe va arrimer ses concepts dans une description de l’expérience, qui est une fiction, et c’est dans cette fiction que se mettent en place les liens entre ses concepts.
Pierre Cassou-Noguès
Se libérer de l’idée de la belle phrase grâce à Philip K. Dick
J’ai trouvé chez Philip K. Dick une reprise de certaines questions philosophiques mais aussi une analyse de l’imaginaire. Dans le roman "Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?" le personnage principal s’appelle Deckard, très proche de Descartes, et son problème c’est de distinguer les machines et les humains, c’est vraiment un problème cartésien. K. Dick écrivait ses romans très vite, et mal, mais ça ne change rien au fait que l’histoire fonctionne, à la fois comme histoire et comme philosophie. Ça a été pour moi une grande libération que de voir qu’on n’avait pas à se soucier de la façon dont on écrit… pas besoin de faire de belles phrases !
Pierre Cassou-Noguès
Sons diffusés :
- Chanson de Julien Clerc, Travailler c'est trop dur, 1978
- Archive de Merleau Ponty au micro de Georges Charbonnier, Radio Télévision Française, vendredi 1er mai 1959
- Générique de la série Le Maître du Haut Château, inspirée par Philip K. Dick, interprété par Jeanette Olsson, 2015
- Musique du film Zombie, le crépuscule des morts vivants, de George A. Romero, composée par le groupe Goblin, 1978
- Extrait du film Manhattan Murder mystery, de Woody Allen, 1993
- Archive d'Emmanuel Macron sur France 24, le 14 octobre 2020 et archive de Christophe Castaner pour le Parisien, le 16 mai 2020 à Veules-les-Roses
- Chanson de fin : Richard Zachary, Travailler c'est trop dur, 1996
L'ARCHIVE DU VENDREDI / LA PHILO DANS LE RETRO :
Chaque vendredi, l'équipe des Chemins de la philosophie vous propose d'écouter un moment d'archive de philosophe(s) ou de philosophie.
Aujourd'hui, écoutons Maurice Merleau-Ponty dans l'émission Des idées et des hommes, de Jean Amrouche, diffusée le 15 septembre 1951
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