- Jean-Luc Hennig journaliste et écrivain. Il a collaboré avec Guy Hocquenghem à Libération , à radio FG et Europe 1.
Pour Jean-Luc Hennig, le Littré et les grammaires grecques sont formelles: nulle trace de condamnation morale dans le mot grec, "plagios", qui a donné son corps au mot français de plagiat. Le courbe n'est pas le fourbe. Ainsi, alors que la contrefaçon n'est un "phénomène de librairie", le plagiat, lui, est bien plus: un principe esthétique, sinon le sang même de l'art d'écrire. Si la littérature ne naît pas de la vie, mais du langage, alors l'écrivain doit bien nécessairement et de tout temps s'abreuver aux mots des autres. Dès lors, la justice a-t-elle à se mêler de malmener les arcanes mêmes de l'écriture? "Je ne crois pas que la justice puisse trancher en matière de littérature", soutient notre invité. Mais les juges n'ont pas besoin, pour condamner en la matière, d'être poètes: le plagiat est un vol, un vol de mots, non pas seulement une refonte personnelle de matériaux anciens, mais la furtive reproduction à l'identique de pans entiers de textes convoités. Et si le plagiat n'est pas une notion juridique à proprement parler, le vol, lui, tombe bel et bien sous le coup de la loi. Mais l'apologie du plagiat ne tente pas d'étouffer la kleptomanie de son objet: le vol est assumé, érigé comme tel en un principe esthétique, innocent et fécond. A bon entendeurs, salut! Ce livre n'est-il donc pas lui aussi à piller? Prenez garde, sa part d'ombre est défaite, les tribunaux veillent, mieux vaut dérober les mots vierges des livres encore méconnus, conseil de pillard... Mais enfin! L'amoureux du plagiat plagié vous reprocherait-il vos rapines? Marion Richez
L'équipe
- Collaboration
- Autre
- Collaboration
- Réalisation
- Réalisation
- Autre
- Autre