Prendre le pouvoir par l’intrigue : épisode • 4/4 du podcast Saint-Simon, un espion à Versailles

Prendre le pouvoir par l’intrigue
Prendre le pouvoir par l’intrigue ©Getty -  Grafissimo
Prendre le pouvoir par l’intrigue ©Getty - Grafissimo
Prendre le pouvoir par l’intrigue ©Getty - Grafissimo
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Dans ses Mémoires, Saint-Simon consacre une centaine de pages à un événement a priori sans intérêt, le mariage du dernier petit-fils de Louis XIV… Pourtant cette intrigue, ce rien, dit tout : les rouages politiques, les coulisses… La force de la parole est-elle le plus grand pouvoir ?

Avec
  • Patrick Dandrey Professeur émérite de littérature française du XVIIe siècle à Sorbonne Université

Saint-Simon est historien, écrivain, en quête de la vérité, portraitiste hors-pair, mais il est aussi un intrigant redoutable…
Est-ce là sa plus grande force ?

L'invité du jour :

Patrick Dandrey, professeur émérite à la Sorbonne

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Saint-Simon, anthropologue ?

Le Saint-Simon philosophe qui nous intéresse est celui qui raconte l’intrigue du mariage de Monseigneur le duc du Berry : l’intrigue est un objet philosophique considérable, d’abord politique, qui donne une anatomie du pouvoir stupéfiante. Tous les rouages de haut en bas, la construction, les rencontres, l’art de saisir l’à-propos, l’art de la politique dans les coulisses. Je lis Saint-Simon comme on lit Levi-Strauss, pour moi c’est un monde totalement inconnu, étrange, avec des mœurs de cour qui sont hors de chez nous, et au sein de cet insolite, l’effet de stupeur d’une proximité... et c’est pourquoi la lecture de Saint-Simon, en créant le décalage de l’exotisme, nous permet l’acuité de la connaissance.          
Patrick Dandrey

Une philo du temps qui joue contre l'histoire

Il y a chez Saint-Simon l’idée d’un ordre divin, une forme d’harmonie qui a une puissance et une perfection presque esthétique et qui est un signe de la permanence des choses. Cette obsession de la légitimité, le fait qu’il hait les bâtards, les progressions de rang, les usurpations, cette idée de la décadence éternelle, c’est cela l’œuvre de Saint-Simon : une philosophie du temps qui joue contre l’histoire parce qu’il veut bloquer le temps.        
Sa conception globale c’est celle de l’immuabilité perdue et de la désespérante observation des mécanismes par lesquels s’enclenche l’histoire, l’intérêt, les désirs humains, bref tout ce qui gâche la beauté du tableau, qui devrait être un tableau de statisme total. Il est émouvant, profond, poète, un historien poète…        
Patrick Dandrey

Textes lus par Daniel Mesguich :

  • Extraits des Mémoires, de Saint-Simon, tome 3, La Pléiade
  • Extrait des Mémoires, de Saint-Simon, tome 3, La Pléiade (avec une musique de Couperin, Les tours de passe-passe)
  • Extrait des Mémoires, de Saint-Simon, dans Mémoires sur la Régence : anthologie suivie, éditions Flammarion
  • Extrait des Mémoires, de Saint-Simon, tome 4, La Pléiade (avec une musique de Couperin, Les barricades mystérieuses)

Son diffusé :

  • Musique de Lully, Atys, Acte I, Scène 4, Atys est trop heureux

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