

Avec Jacques Darriulat, première promenade spatio-temporelle d'une série des Chemins consacrée à La Recherche de Proust.
Jacques Darriulat (ancien enseignant en philosophie en classes préparatoires au lycée Henri IV puis à la Sorbonne, auteur du site http://www.jdarriulat.net).
Il n’y a pas de saison pour lire Proust, mais s’aventurer sur les pas du narrateur du côté de Méseglise puis du côté de Guermantes, au début de l’hiver, à la veille de Noël, c’est s’offrir le plus beau des cadeaux. Pas à pas, suivre le cours de la Vivonne parsemées de nymphéas étincelants, signe d’un bonheur attentif, silencieux et mobile remonter le chemin vers les clochers de Martinville dont la silhouette ensoleillée comme une écorce déchirée, et invitent à la littérature, et retrouver au creux d’un bruit présent -un tintement de cloche, une fourchette qui bute sur l’assiette- la saveur d’un souvenir qui seule permet de saisir ce qui ne s’appréhende jamais : un peu de temps à l’état pur.
Avant les horreurs ordinaires de la déception proustienne, avec Nicolas Grimaldi, demain, et Antoine Compagnon qui nous introduira dans l’univers de Sodome et Gomorrhe, jeudi, j’ai le plaisir d’accueillir aujourd’hui Jacques Darriulat pour évoquer les secrets des déambulations spatio-temporelles au cœur de la Recherche.
Le temps chez Proust est toujours un espace-temps. Le temps n'est pas un fil linéaire d'une simple chronologie événementielle fondée sur la succession. Le temps est l'expansion d'un réseau - c'est le mot qu'il emploie - d'événements plus que de personnages qui se font écho les uns et les autres et dessinent une topologie avec des étoiles, des carrefours. Le temps est fait de ces associations, le temps est une matière vivante, c'est une substance vivante, un orchestre symphonique dans lequel chaque événement joue sa partition et où tout correspond dans une sorte d'assomption, au-delà de la succession qui a valeur d'éternité comme il le dit, mais à l'état pur.

Références musicales:
- Romance sans paroles en la bémol maj, op17 n°3 de Gabriel Fauré ( int: Jean Martin)
- Danse lente de César Franck (int: Dominique Cornil)
- Danse printanière de la jeune fille de Kivledal n°16, op72 d'Edouard Grieg (int: Einar Steen-Nokleberg)
- Du côté de chez Swann de Dave
Lectures:
Du côté de chez Swann lu par André Dussolier (Thélème, 2006)
Extrait:
- Vladimir Jankelevitch ,* L'immédiat * (Frémeaux et associés)
Par Adèle van Reeth
Réalisation : Mydia-Portis-Guérin
Lectures : Georges Claisse
En partenariat avec Philosophie magazine
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