Que sont ces fameuses monades leibniziennes? Pourquoi dit-on qu'elles reflètent le monde dans son entier, et sont par ailleurs "sans portes ni fenêtres"?
- Claire Schwartz Maître de conférences au département de philosophie de l’Université Paris Nanterre
Essayons de nous représenter ce monde composé de monades, ce monde fou, où, ainsi que le présente Deleuze, "le rationalisme a épousé le délire"...
Le texte du jour
Il est assez difficile de distinguer les Actions de Dieu de celles des créatures. Car il y en a qui croient que Dieu fait tout, d’autres s’imaginent qu’il ne fait que conserver la force qu’il a donnée aux créatures […]. Or puisque les actions et passions appartiennent proprement aux substances individuelles, il serait nécessaire d’expliquer ce que c’est qu’une telle substance. […] [N]ous pouvons dire que la nature d’une substance individuelle ou d’un être complet est d’avoir une notion si accomplie, qu’elle soit suffisante à comprendre et à en faire déduire tous les prédicats du sujet à qui cette notion est attribuée. Au lieu que l’accident est un être dont la notion n’enferme point tout ce qu’on peut attribuer au sujet à qui on attribue cette notion. Ainsi la qualité de roi qui appartient à Alexandre le Grand, faisant abstraction du sujet, n’est pas sassez déterminée à un individu et n’enferme point les autres qualités du même sujet ni tout ce que la notion de ce prince comprend, au lieu que Dieu voyant la notion individuelle ou heccéité d’Alexandre, y voit en même temps le fondement et la raison de tous les prédicats qui se peuvent dire de lui véritablement, comme par exemple qu’il vaincrait Darius et Porus, jusqu’à y connaître a priori (et non par expérience) s’il est mort d’une mort naturelle ou par poison, ce que nous ne pouvons savoir que par l’histoire. Aussi, quand on considère bien la connexion des choses, on peut dire qu’il y a de tout temps dans l’âme d’Alexandre des restes de tout ce qui lui est arrivé et les marques de tout ce qui lui arrivera, et même des traces de tout ce qui se passe dans l’univers, quoiqu’il n’appartienne qu’à Dieu de les reconnaître toutes.
Leibniz, Discours de la métaphysique, chap.VIII, Gallimard, 2004. P160
Extraits
Archive :Gilles Deleuze, cours sur le Cinéma, 17/05/83
Truman Show, film de Peter Weir (1998)
Références musicales
Julio Iglesias, Le monde est fou
Samuel Aguilar, Ascending
Samuel Aguilar, Reflejos
Beatles, Across the Universe
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