Quand la religion reprend le pouvoir : épisode 3/4 du podcast Philosophies d'Iran

Révolution iranienne, Téhéran, 1978
Révolution iranienne, Téhéran, 1978 ©AFP - ANGELO COZZI / LEEMAGE
Révolution iranienne, Téhéran, 1978 ©AFP - ANGELO COZZI / LEEMAGE
Révolution iranienne, Téhéran, 1978 ©AFP - ANGELO COZZI / LEEMAGE
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Comment la révolution a-t-elle croisé le chemin des philosophes ?

Avec
  • Mohsen Mottaghi sociologue, spécialiste du champ intellectuel en Iran

Téhéran, 1979. Le Shah est renversé par la rue. Ali Khomeiny rentre d'exil triomphant. Le 1er avril, est proclamée la République islamique d'Iran.

Le Corriere della Sera s'est choisi un reporter philosophe, un certain Michel Foucault, pour tirer des conclusions de l'événement, mais comment rester fidèle à l'émotion révolutionnaire, sans être aveuglé par elle ? Comment les intellectuels iraniens ont-ils accompagné le soulèvement de 1978 ? 

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Mohsen Mottaghi, sociologue, s'est longtemps penché sur le rôle des intellectuels dans la révolution iranienne. Il a publié La Pensée chiite à l'épreuve de la Révolution aux éditions de l'Harmattan. 

Le texte du jour

Il ne peut y avoir de socialiste sincère, et qui le resterait, avant de constituer en nous-mêmes une essence pure et divine qui nous pousse à ne pas réclamer nos droits individuels dans la société tant qu'un seul individu ne jouit pas de tous ses droits ; c’est-à-dire d’expliquer l’égalité par une égalité de droits avec les autres, et non par l’obtention de nos propres droits. Ceci ne pourra advenir que par la réalisation d’une sorte d’altruisme après l’accomplissement spirituel et effectif de l’essence humaine. Ce n’est qu’à partir de là que l’humain ayant foi dans les valeurs peut bâtir une société socialiste. Comment serait-il possible que s’évanouissent les classes dans une société dont les individus sont mus par des mobiles matérialistes et où la philosophie matérialiste constitue l’explication de notre existence et de notre vie ? Quant aux relations humaines, elles sont devenues des relations collectives de bêtes qui ouvrent grand leurs mâchoires et se disputent des cadavres et à peine l’une d’elle ferme-t-elle les yeux qu’elle est aussitôt victime de la ruse et du vol de l'autre. Le système capitaliste et de marché exige de l’homme qu’il coure tel un chien, du matin au soir et qu’il rêve d’argent du soir au matin, sinon il pourrait croire qu'il est privé de vie. (…) C’est pourquoi l’homme socialiste est avant tout un homme divin ; il est une essence pure et élevée, un homme qui a atteint le degré de l’altruisme, qui a une orientation idéologique conforme à sa vision d’ensemble de la vie.

Ali Shariati, Construire l’identité révolutionnaire, éd. Albouraz, L’Islam Autrement, p.28-29

Extraits

Archive : Flash info, France Inter, septembre 1978, annonce de la révolution en Iran

Persépolis, film de  Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud (2007)

Archive : Michel Foucault, François Ewald présente les Dits et Ecrits dans lesquels se trouvent les articles de Michel Foucault sur l’Iran. (France 2, 6/12/1994)

Lecture

Michel Foucault, « Une poudrière appelée Islam », Corriere della Sera, 13 février 1979, Dits et Ecrits, II, p.759

Références musicales

BOF Persépolis

Choir Ensemble, Booy-E-Gol-E-Soosan O Yasaman

Mohammad Golriz, Be Pish 

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