Cité autant par Nicolas Sarkozy, Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon, Christiane Taubira, que par Emmanuel Macron, mais qui est donc Antonio Gramsci ?
- Nathan Sperber Enseignant au département de sociologie de l’université Fudan à Shanghai.
Pourquoi ce révolutionnaire marxiste italien du début du siècle, emprisonné pendant la moitié de sa vie, influence-t-il les hommes politiques de notre époque ?
De sa trajectoire fascinante à ses concepts d'hégémonie, de culture et de crise, que retenir de Gramsci et comment user de ses idées aujourd'hui ?
Réponse avec Nathan Sperber qui nous fait le portrait d'Antonio Gramsci.
LE TEXTE DU JOUR :
« Je hais les indifférents. Je crois comme Friedrich Hebbel que « vivre veut dire être partisan». On ne peut être seulement homme, étranger à la cité. Qui vit vraiment ne peut pas ne pas être citoyen, et partisan. L'indifférence est aboulie, parasitisme, lâcheté; elle n'est pas vie. C'est pourquoi je hais les indifférents. L'indifférence est le poids mort de l'histoire. C'est le boulet que doit traîner le novateur, c'est la matière inerte en laquelle il n'est pas rare que se noient les plus beaux enthousiasmes, c'est le marais qui entoure la vieille ville et qui la défend mieux que les remparts les plus épais, mieux que les poitrines de ses guerriers, en engloutissant les assaillants dans ses sables mouvants, en les décimant et en les décourageant, et en les faisant parfois renoncer à leur entreprise héroïque. L'indifférence agit vigoureusement dans l'histoire. Elle agit passivement, mais elle agit. Elle se fait fatalité; elle est ce quelque chose que l'on n'attendait point; ce quelque chose qui bouleverse les programmes, renverse les plans les mieux établis; la matière brute qui se rebelle devant l'intelligence et l'étrangle. Les événements, le mal qui s'abat sur tous, le bien que pourrait engendrer un acte héroïque (de valeur universelle), ne dépendent pas tant de l'initiative du petit nombre qui agit, que de l'indifférence, de l'absentéisme de la multitude. (…) Mais, si je hais les indifférents, c'est aussi parce que leurs pleurnicheries d'éternels innocents me sont insupportables. "
Antonio Gramsci, « Je hais les indifférents » (février 1917)
LECTURES :
Antonio Gramsci, « Je hais les indifférents » (février 1917)
EXTRAITS :
Le Guépard de Visconti adapté du roman de Guiseppe Tomasi di Lampesusa 1963
Guiseppe Prezzolini (Camarade de Gramcsi)
RÉFÉRENCES MUSICALES :
Okanagon, pour harpe, tam-tam et contrebasse
"Les barricades mystérieuses" Jean-Philippe Viret
" La crise est finie" Albert Préjen
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