Qui est ce "je" qui pense ? : épisode 3/4 du podcast Averroès avait raison

Qui est ce “je” qui pense ?
Qui est ce “je” qui pense ? ©Getty - Malte Mueller
Qui est ce “je” qui pense ? ©Getty - Malte Mueller
Qui est ce “je” qui pense ? ©Getty - Malte Mueller
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Pour le philosophe Averroès, quand "je" pense, c'est l'intellect, puissance commune de l'humanité, qui s'exprime... Mais que reste-t-il à l'être humain si on lui enlève son intelligence ? Comment l'intellect peut-il être séparé du corps ?

Avec
  • Jean-Baptiste Brenet Professeur de philosophie arabe à l'Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, traducteur de l'arabe et du latin, auteur de plusieurs essais sur le rapport entre pensée arabe et pensée moderne.

Pour Averroès, celui qui pense n'est pas l'homme ou la femme que je suis, ce n'est pas non plus le sujet ni l'individu que je suis, non, ce qui pense, quand je pense, c'est l'intellect, cette puissance transcendante et divine qui s'exprime à travers moi.
On comprend le scandale, la petit piqûre narcissique que cette affirmation a pu susciter : comment celui qui pense, celui qui use de son intelligence, ne serait, en fait, pas moi ?

L'invité du jour :

Jean-Baptiste Brenet, professeur de philosophie arabe à l'université paris I Panthéon Sorbonne, membre du laboratoire SPHERE

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Aristote à l'origine d'un dualisme

Aristote considère que l’homme est un composé, comme tout ce qui est vivant, de formes et de matières, mais lorsqu’il parle de l’intellect, il dit que celui-ci semble être une substance divine, comme s’il venait d’ailleurs, du “dehors”. Les commentateurs d’Aristote, Averroès en particulier, n’ont pas inventé par pur plaisir de dérive cette interprétation dualiste de l’intellect. C’est le texte d’Aristote qui contient ces problèmes et autoriste un dépliage en plusieurs sens. Averroès tire l’une des virtualités problématiques du "De anima" d’Aristote.    
Jean-Baptiste Brenet

La subjectivité au travers du fantasme

Il y a chez Averroès une théorie du “je pense”. Son génie c’est que conscient des difficultés métaphysiques que posait sa lecture d’Aristote, il a taché de sauver l’existence de la pensée propre, c’est-à-dire de l’action, de la morale, et la réponse, la clé de sa solution, c’est le fantasme, l’image, puisque c’est à travers le rapport que nous entretenons avec nos images propres, notre expérience personnelle du monde, que va s’établir une connexion singulière de chacun avec cette puissance commune de pensée...  
Jean-Baptiste Brenet

Textes lus par Denis Podalydès :

  • Aristote, De Anima, III, 5, 430a10-17, traduction de E. Barbotin (avec une musique de El Kado, Yemma)
  • Ernest Renan, Averroès et l’Averroïsme essai historique, chapitre 3, XVII, A. Durand (avec une musique de Wassim Halal, Prosodie)

Sons diffusés :

  • Extrait du film Freud passions secrètes, de John Huston, 1962
  • Chanson des Pixies, Where is my mind ?
  • Extrait du film Jeanne d'Arc, de Robert Bresson, 1962
  • Chanson de fin : Alain Bashung, Immortels

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