Faut-il objectiver les faits sociaux, comme le fait Lévi-Strauss, ou les aborder du point de vue immanent de l'action humaine, comme le pense Sartre ?
- Gildas Salmon philosophe, chargé de recherche au CNRS à l’Institut Marcel Mauss
- Florence Caeymaex chercheuse au FNRS fond national de la recherche scientifique, professeure de philosophie à l’université de Liège
Comment parler des faits humains ? L'homme doit-il être pensé dans l'histoire ou à partir de la structure du social ? Venez découvrir les enjeux de la controverse entre Jean-Paul Sartre et Claude Lévi-Strauss avec Gildas Salmon et Florence Caeymaex, dans l'esprit jazz de Saint-Germain, et avec la "contribution" exceptionnelle de Peter Sellers en Inspecteur Clouzot.
Le point de départ de la controverse est le même enjeu pour les deux auteurs, mais qu'ils abordent avec une problématisation différente. En général c'est la question de ce qui rend compréhensibles les faits humains, et plus particulièrement en tant que sociaux. L'enjeu c'est donc la fondation de l'anthropologie, ou même, la condition de possibilité d'une anthropologie. Dans ce questionnement, "Qu'est-ce que l'anthropologie ?", que l'on peut remonter au moins jusqu'à la philosophie kantienne, on interroge la place qu'il faut accorder à ce que l'on appelle les structures, au moins depuis les structures élémentaires de la parenté.
Florence CaeymaexPublicité
Dans les années 60, on est dans un moment où il existe des sciences de l'Homme qui sont constituées en disciplines autonomes de la philosophie. Si on veut parler de duel de philosophe, il faut être attentif à la situation bien différente qu'ils ont l'un et l'autre face à ces savoirs. Levi-Strauss est anthropologue, il est engagé dans la production d'un savoir anthropologique. Alors que Sartre se pose dans une position philosophique bien apparente, notamment dans le titre de son ouvrage "Critique de la raison dialectique", qui est une référence à Kant et sa "Critique de la raison pure", où la question est de savoir à quelles conditions les sciences physiques sont possibles. Sartre veut répéter le même geste sur les sciences de l'Homme, en particulier sur l'anthropologie.
Gildas Salmon
Sartre est le représentant, disons, humaniste de l'anthropologie. Un humanisme rénové, qui n'a plus rien à voir avec celui des maîtres de la philosophie du début du XXème siècle certes. Mais humaniste dans le sens où pour lui, quand on se situe sur le plan de l'humain, on a affaire à un ordre de signification. Au sens où, l'Homme, ce qui le distingue des choses, c'est qu'il est dans un rapport signifiant avec son environnement. Et en ce sens, l'humain, ce qui le distingue, n'est pas une substance, ni une essence, c'est le fait qu'il est pris dans un régime de signification, qui n'existerait pas si l'humanité n'existait pas elle-même.
Florence Caeymaex
Références musicales:
- Roy Eldridge et Stan Getz , Les tricheurs
- Jean-Marie Machado , Tambours voiles, tambours primitifs
- Michel Portal , L'ombre rouge
- Louis Armstrong et Ella Fitzgerald , Let's call the whole thing off
- Charles Trenet , Les intellectuels
Lectures:
- Jean-Paul Sartre, Introduction, « Dialectique dogmatique et dialectique critique », in Critique de la raison dialectique , Gallimard) p. 140.
- Claude Lévi-Strauss, « Histoire et dialectique », in La pensée sauvage , Paris, (Pocket) p. 293-294.
Extraits :
Claude Lévi-Strauss parle de l’existentialisme : Source : Archives du XXe siècle, 01/01/1970
- Sartre, l’intellectuel et le peuple: Source : JT 20H, ORTF, 21/10/1970
Par Adèle Van Reeth
Réalisation : David Jacubowiez
Lectures : Georges Claisse et Jean-Louis Jacopin
L'équipe
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