Seul sur terre : épisode • 1/4 du podcast Rousseau, Les rêveries du promeneur solitaire

Jean-Jacques Rousseau
Jean-Jacques Rousseau - Musée Carnavalet
Jean-Jacques Rousseau - Musée Carnavalet
Jean-Jacques Rousseau - Musée Carnavalet
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"Me voici donc seul sur la terre, n'ayant plus de frère de prochain d'ami de société que moi-même": qu'a fait Rousseau pour en arriver là ?

Avec

Rousseau était-il véritablement "seul sur terre" lorsqu'il écrivit ses Rêveries du promeneur solitaire, ou bien est-ce une posture qui lui permet de prolonger sa réflexion sur la nature de l'homme? Jean-François Perrin, nous accompagne tout au long des deux premières Promenades et commente ce dernier Rousseau dont il dit qu'il écrit en penseur et pense en écrivain.

Le texte du jour

Me voici donc seul sur la terre, n’ayant plus de frère, de prochain, d’ami, de société que moi-même. Le plus sociable et le plus aimant des humains en a été proscrit par un accord unanime. Ils ont cherché dans les raffinements de leur haine quel tourment pouvait être le plus cruel à mon âme sensible, et ils ont brisé violemment tous les liens qui m’attachaient à eux. J’aurais aimé les hommes en dépit d’eux-mêmes. Ils n’ont pu qu’en cessant de l’être se dérober à mon affection. Les voilà donc étrangers, inconnus, nuls enfin pour moi puisqu’ils l’ont voulu. Mais moi, détaché d’eux et de tout, que suis-je moi-même ? Voilà ce qui me reste à chercher. Malheureusement, cette recherche doit être précédée d’un coup d’œil sur ma position. C’est une idée par laquelle il faut nécessairement que je passe pour arriver d’eux à moi. 

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Depuis quinze ans et plus que je suis dans cette étrange position, elle me paraît encore un rêve. Je m’imagine toujours qu’une indigestion me tourmente, que je dors d’un mauvais sommeil, et que je vais me réveiller bien soulagé de ma peine en me retrouvant avec mes amis. Oui, sans doute, il faut que j’aie fait sans que je m’en aperçusse un saut de la veille au sommeil, ou plutôt de la vie à la mort. Tiré je ne sais comment de l’ordre des choses, je me suis vu précipité dans un chaos incompréhensible où je n’aperçois rien du tout ; et plus je pense à ma situation présente et moins je puis comprendre où je suis. 

Rousseau, Les Rêveries du Promeneur solitaire, (Gallimard /Folio-Classique), P 43

Lectures

Rousseau, Les Rêveries du Promeneur Solitaire, (GF), p.181.

Rousseau, Les Rêveries du Promeneur solitaire, (Gallimard /Folio-Classique), p 50

Rousseau, Les Rêveries du Promeneur solitaire, (Gallimard /Folio-Classique), p 59

Lectures cette semaine: Georges Claisse

Références musicales

The Mamas and the Papas, Dream a little dream of me 

Couperin, Pièces en concert transcriptions pour violoncelles et quatuor à cordes

Alice Cooper, Last man on earth

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