

Pourquoi faire une philosophie du management ? Aurait-il besoin d'une légitimité hors de lui-même ? L'origine du management serait-elle grecque ? Serait-il un "pharmakon" : un poison et un remède à la fois ? Pourrait-il prendre source dans le texte "L’Économique" de Xénophon, interprète de Socrate ?
- Ghislain Deslandes professeur à ESCP Business School et ancien directeur de programme au Collègue International de Philosophie
Envisager le management comme un problème philosophique suscite d'emblée l'étonnement pour ne pas dire le soupçon : que viendrait faire une notion propre à l'entreprise dans le monde des idées ? Quelle portée intellectuelle pourrait contenir ce mot qui ne cache pas ses intentions utilitaristes ? Quelle profondeur trouver à un ensemble de techniques de direction, d'organisation et de gestion qui tente de se sauver la face en usant d'une langue faite de bienveillance ?
Pourquoi faudrait-il y voir quelque chose de philosophique ?
Peut-être parce que le management a transformé nos manières de travailler, de parler, de vivre au quotidien, en témoigne d'ailleurs le fait qu'on ne se dise plus "je m'en occupe" mais "je gère".
Peut-être aussi parce que définir le management permet de mieux le critiquer, d'en sortir ou de le sauver.
Mais tout simplement aussi parce que cette idée de faire du management un problème philosophique suscite d'emblée de l'étonnement voire du soupçon... et que cela suffit à en faire un problème philosophique.
L'invité du jour :
Ghislain Deslandes, professeur à ESCP Business School et ancien directeur de programme au Collègue International de Philosophie
L’objet principal d’une organisation bien comprise doit être d’assurer à l’employeur et à chaque employé la prospérité maxima. Les mots “prospérité maxima” sont pris dans leur sens le plus large, pour signifier non seulement de gros dividendes pour la Compagnie ou le patron, mais encore le développement intégral de chaque branche de l’affaire, à un point tel que la prospérité soit permanente. De même, la prospérité maxima pour chaque employé ne consiste pas seulement dans un salaire plus élevé que celui des hommes de valeur égale ; elle signifie surtout le moyen, pour chacun, d’atteindre son rendement maximum, de telle sorte qu’il soit capable de faire, le mieux possible, le travail approprié à ses capacités naturelles et qu’il soit plus tard susceptible d’être choisi spécialement pour faire ce travail. Il semble évident que la prospérité maxima pour l’employeur et l’employé devrait être le but principal de l’organisation et cependant, dans tout le monde industriel, une grosse part de l’organisation des patrons et des ouvriers est faite plutôt pour la guerre que pour la paix ; si bien que la plupart des uns et des autres sont probablement persuadés qu’il est impossible d’organiser leurs relations mutuelles, en vue de la communauté des intérêts. Avec l’organisation scientifique, les intérêts véritables des deux partis sont les mêmes ; la prospérité de l’employeur ne peut durer que si elle est accompagnée de celle de l’employé et inversement ; il est ainsi possible de donner à l’un et à l’autre ce qu’ils désirent : à l’ouvrier, de gros salaires et au patron, une main d’œuvre bon marché.
Frederick Winslow Taylor, Principes d’organisation scientifique des usines (1912), traduction Jean Royer, publication de la Revue de métallurgie, éditions Dunod, 1912, pages 31-32
Textes lus par Bernard Gabay :
- Frederick Winslow Taylor, Principes d’organisation scientifique des usines (1912), traduction Jean Royer, publication de la Revue de métallurgie, éditions Dunod, 1912, pages 31-32
- Blaise Pascal, Trois Discours sur la condition des Grands (1670), Premier discours, Œuvres complètes, tome II, éditions Hachette, page 16
Sons diffusés :
- Mix de début d'émission par Nicolas Berger avec des extraits de : Moi y’en a vouloir des sous, film de Jean Yanne (1973) ; Riens du tout, film de Cédric Klapisch (1992) ; Ressources humaines, film de Laurent Cantet (2000) ; Définition du management, Enquêtes et commentaires (4 avril 1968) ; Message à caractère informatif, une émission télévisée réalisée par Nicolas Charlet et Bruno Lavaine, diffusée entre 1998 et 2000 sur Canal + ; Générique de la série Dallas, Les Texans (1981)
- Extraits de la série House of Cards, saison 5, épisode 4 réalisé par Alik Sakharov, 2017
- Chanson de fin : Alain Souchon, Parachute doré
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