Sommes-nous dans le monde ? : épisode • 4/4 du podcast Etre et Temps de Heidegger

Martin Heidegger
Martin Heidegger ©AFP - DPA
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Pourquoi ne sommes-nous pas au monde comme l'eau est dans le verre d'eau ? Explications limpides par Marlène Zarader aujourd'hui.

Avec
  • Marlène Zarader Professeur émérite de philosophie contemporaine à l'université de Montpellier 3 et membre honoraire de l'Institut universitaire de France

Dans nos occupations journalières ordinaires, nous ne nous posons pas la question de notre rapport au monde. Et pourtant, c'est là qu'il se joue, dans le réseau d'outils et de signes qui fait que ce qui nous entoure nous est familier et fait sens. Mais aussi dans la rupture de l'expérience de l'angoisse, lorsque les objets du quotidien sont frappés d'insignifiance, où apparaît "le monde tel qu'il est".

Le texte du jour

L’ « être-près » du monde, en tant qu’existential, ne signifie aucunement un être-subsistant de choses survenant ensemble. On n’entend point par là qu’un étant, appelé « être-là », se trouve « à côté » d’autres étants, qu’on dénommerait « monde ». Nous exprimons ordinairement que deux étants subsistent ensemble en disant par exemple que « la table se trouve "près" de la porte », ou que « la chaise "touche" le mur ». Pourtant, à strictement parler, on ne peut prétendre qu’ils se « touchent », et cela non pas parce qu’en fin de compte un examen plus précis saurait toujours constater un intervalle entre la chaise et le mur, mais parce qu’en principe la chaise, même si l’intervalle était nul, ne pourrait toucher le mur. Pour qu’elle le puisse, il faudrait que le mur fût « pour » une chaise, à rencontrer. Un étant ne peut toucher un étant subsistant à l’intérieur du monde que s’il possède originellement le mode d’être de l’être-à…– c'est-à-dire si, par son être-là, le monde se trouve déjà, pour lui, découvert, monde à partir duquel l’étant […] peut se manifester à lui et être accessible en son être-subsistant. Deux étants simplement subsistants à l’intérieur du monde et de surcroît, en eux-mêmes, sans monde, ne peuvent jamais se « toucher », aucun d’eux ne peut être « près » de l’autre.

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Martin Heidegger, Être et temps, 1927, § 12, trad. De Wealhens, (Gallimard, 1964)

Lectures

- Martin Heidegger, Être et temps, (1927), § 12, trad. Alphonse De Wealhens, (Gallimard, 1964)

- Martin Heidegger, Être et temps, (1927), § 14 à 16, trad. Alphonse De Waelhens, (Gallimard, 1964)

- Martin Heidegger, Être et temps, 1927, § 40, p. 186-187, trad. Alphonse De Wealhens, (Gallimard, 1964)

Extrait

- Archive Derrida sur le « monde » de l’animal par rapport au monde de l’homme 16/07/1999, "Du jour au lendemain", France Culture

Références musicales

- Brad Mehldau, Bittersweet symphony

- Lost and Found Nyman ,Amstel Quartet, The piano sings

- In C: Track 2" Terry Riley/ Interprétation Ensemble Ictus

- Nyman, He was licking me

- John Cage, 3 dances : Dance n°1 - pour 2 pianos préparés / duo Pestova Meyer

- Joe Dassin, Ca va pas changer le monde

Marlène Zarader
Marlène Zarader
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