Sommes-nous prisonniers des interprétations ? : épisode 2/4 du podcast Nietzsche, Le Gai savoir

La perspective d'un luth/ Albrecht Dürer
La perspective d'un luth/ Albrecht Dürer - Gallica/BNF
La perspective d'un luth/ Albrecht Dürer - Gallica/BNF
La perspective d'un luth/ Albrecht Dürer - Gallica/BNF
Publicité

Voyons-nous tous le même monde, si nous ne le voyons jamais sous le même angle ?

Avec
  • Céline Denat Maîtresse de conférences à l’Université de Reims-Champagne-Ardennes, spécialiste de philosophie allemande moderne, membre et coordinatrice du Groupe international de Recherches sur Nietzsche

"Ceci est le véritable phénoménalisme, le véritable perspectivisme tel que je l’entends : la nature de la conscience animale veut que le monde dont nous pouvons avoir conscience ne soit qu’un monde de surfaces et de signes". Si toute connaissance est interprétation, sans que nous puissions prétendre posséder la vérité, est-ce à dire que toutes les connaissances se valent? La science est l'interprétation qui explique le mieux les apparences dans lesquelles nous vivons, mais n'est-ce pas au risque d'appauvrir notre vision du monde? 

Le texte du jour

« Il nous est impossible de voir au-delà de l’angle de notre regard : il y a une curiosité sans espoir à vouloir connaître quelles autres espèces d’intellects et de perspectives il pourrait y avoir, par exemple, s’il y a des êtres qui peuvent concevoir le temps en arrière, ou tour à tour en avant et en arrière (par quoi on obtiendrait une autre direction de vie et une autre conception de la cause et de l’effet). J’espère, cependant, que nous sommes au moins, de nos jours, assez éloignés de ce ridicule manque de modestie de vouloir décréter de notre angle que ce n’est que de cet angle que l’on a le droit d’avoir des perspectives. Le monde, au contraire, est redevenu pour nous « infini » : en tant que nous ne pouvons pas réfuter la possibilité qu’il contienne des interprétations à l’infini. Encore une fois le grand frisson nous prend : – mais qui donc aurait envie de diviniser de nouveau, immédiatement, à l’ancienne manière, ce monstre de monde inconnu ? Adorer cet inconnu désormais comme le « dieu inconnu » ? Hélas, il y a trop de possibilités non divines d’interprétation qui font partie de cet inconnu, trop de diableries, de bêtises, de folies d’interprétation, – sans compter la nôtre, cette interprétation humaine, trop humaine que nous connaissons… »

Publicité

Nietzsche, Le Gai savoir, V, §374 « Notre nouvel "infini" », (Robert Laffont,1993), trad. Pütz, révisée par Jean Lacoste et Jacques Le Rider p 245

Lectures

Nietzsche, Le Gai savoir, V, §355 « L’origine de notre notion de "connaissance" » (Flammarion) , trad. Patrick Wotling p 270-271

Nietzsche, Le Gai savoir, V, §374 « Notre nouvel "infini" », (Robert Laffont,1993), trad. Pütz, révisée par Jean Lacoste et Jacques Le Rider p 245

Nietzsche__, Le Gai savoir, V, §373 « La "science" en tant que préjugé » (Flammarion) , trad. Patrick Wotling p297-298    

Extrait

Emmanuel Macron est un illuminati par « Le mauvais monteur », vidéo anonyme sur internet  

Références musicales

Bizet, Carmen, suite pour orchestre n°2 « Marche des contrebandiers »

Bizet,  Trois esquisses musicales, « Ronde turque » pour piano

Bizet, Carmen, suite pour orchestre n°1, « Intermezzo », 

Bizet, « Chasse fantastique » pour piano

Beastie Boys, The sounds of science

L'équipe