"Toute la Russie est notre Cerisaie" : épisode 4/4 du podcast Tchekhov, le rêve ou la vie ?

Madeleine Renaud dans "La Cerisaie", de Anton Tchekhov. Mise en scène de Jean-Louis Barrault. 1954. Photographies de Etienne Bertrand Weill
Madeleine Renaud dans "La Cerisaie", de Anton Tchekhov. Mise en scène de Jean-Louis Barrault. 1954. Photographies de Etienne Bertrand Weill - BnF - Gallica
Madeleine Renaud dans "La Cerisaie", de Anton Tchekhov. Mise en scène de Jean-Louis Barrault. 1954. Photographies de Etienne Bertrand Weill - BnF - Gallica
Madeleine Renaud dans "La Cerisaie", de Anton Tchekhov. Mise en scène de Jean-Louis Barrault. 1954. Photographies de Etienne Bertrand Weill - BnF - Gallica
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Dernier épisode de notre série dédiée au théâtre de Tchekhov avec son ultime pièce : "La Cerisaie". Elle sera jouée en 1904, l'année de la mort du dramaturge. Si le thème des pièces de Tchekhov reste identique, Françoise Morvan et André Markowicz nous expliquent comment finalement, tout a changé...

Avec

Les invités du jour :

  • André Markowicz, poète et traducteur
  • Françoise Morvan, écrivaine et traductrice

"La Cerisaie", une épure

La dernière pièce de Tchekhov, écrite alors qu’il est mourant, est une épure. C’est vraiment le mot de la fin. […] "La Cerisaie", c’est comme des éléments d’un rêve qui sont mis en place. Au début, on nous indique qu’il est deux heures du matin mais il fait déjà jour. C’est une heure impossible dans une lumière improbable. Tout se déroule ensuite sur ce fond de soleil bleu, de froid, de blancheur de la Cerisaie. Les couleurs, les paysages autour sont absolument essentiels, comme d'ailleurs les déplacements de lumière, tout est pensé comme une sorte de film. C’est un rêve qui se déroulerait avant même l’invention du cinéma en couleur. Françoise Morvan

L’incapacité de prendre en compte le réel

"La Cerisaie" est une pièce sur l’impossibilité qu’ont les gens de regarder la mort en face. Lioubov Andréïevna Ranevskaïa est partie de la Cerisaie pour une raison très sérieuse, puisque son fils s’est noyé dans la rivière. Et quand elle revient, elle n’arrive pas à regarder par la fenêtre du wagon. Lopakhine n’arrive pas à considérer que lorsqu’il dit que la rivière est profonde, il dit une monstruosité. Parce que la rivière est réellement profonde et c’est très bien pour la baignade et pour l’irrigation. Et l’impossibilité dans laquelle sont les gens de mettre ensemble différents plans de conscience, comment personne ne peut vivre en dehors de son enfance, c’est de cela que parle "La Cerisaie". Face à l’enfance éternelle, pour chacun d’entre nous, aucune réalité n’a de valeur. Même si cette incapacité dans laquelle nous sommes de prendre en compte la réalité nous amène nous même à notre perte et à notre mort. André Markowicz

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Le chant du butor étoilé

C’est extraordinaire d’avoir mis le bruit d’un oiseau en plein milieu de la pièce. C’est un bruit de vide, c’est la maison qui explose en somme. C’est en même temps le bruit de la respiration de Tchekhov qui est en train de mourir d’étouffement. Mais là, ce bruit, ce n’est pas un bruit, c’est une résonance. C’est comme un galet qu’on jette dans l’eau et qui fait des cercles autour de lui. Et là, c’est le chant d'un oiseau qui a une sorte de corde qui se tend dans le gosier et le bruit se répercute. Le chant du butor, c'est exactement le bruit de la mort. Françoise Morvan

Sons diffusés : 

  • Archive de Madeleine Renaud parlant de son rôle dans La Cerisaie, en 1955
  • Extraits de La Cerisaie, mise en scène par Alain Françon, enregistrée à la Comédie Française en 1998
  • Chanson Sous la fenêtre le merisier de Sveltana
  • Nochi bezumniye de Tchaïkovsky

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