“Tu es grand, tu es puissant : ce n’est pas assez” : épisode • 3/4 du podcast La Bruyère, quel caractère !

Louis XIV entouré de courtisans
Louis XIV entouré de courtisans ©Getty - Apic
Louis XIV entouré de courtisans ©Getty - Apic
Louis XIV entouré de courtisans ©Getty - Apic
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La cour est un jeu sérieux, et on peut être courtisan sans être courtisan… nous renseigne La Bruyère. Mais alors, qu'est-ce qu'un courtisan ? La Bruyère était-il un "sociologue", le scrutateur de la société ?

Avec
  • Delphine Amstutz Maître de conférences en littérature française du XVIIe siècle à la Faculté des Lettres de Sorbonne Université

Sommes-nous tous des courtisans ?
Entrons dans la cour imaginaire dépeinte par Jean de la Bruyère et observons-nous : "mêmes passions, mêmes faiblesses, mêmes petitesses, mêmes travers d'esprit, mêmes brouilleries dans les familles et entre les proches, mêmes envies, mêmes antipathies".
La différence, c'est que les courtisans, eux, usent de stratagèmes inédits pour masquer ou enjoliver leurs vices.
Alors quels sont ces vices qui nous relient directement aux courtisans du 17ème siècle ? Et comment le travail du moraliste peut-il nous aider à nous tirer vers le haut ?
"Tu es grand, tu es puissant ?" demande La Bruyère, "ce n'est pas assez".

L'invitée du jour :

Delphine Amstutz, maître de conférences en littérature française du XVIIe siècle à la Faculté des Lettres de Sorbonne Université

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Le courtisan amphibie

Pour La Bruyère, être courtisan c'est avant tout un esprit, c'est l'esprit de flatterie, de complaisance et en ce sens il cherche en s'en distinguer le plus possible. Pour La Bruyère le courtisan est un être amphibie : à force d'être caméléon, il échappe aux strictes cases de la caractérologie de Théophraste.
Delphine Amstutz

Un instrument de désordre 

Le courtisan est un instrument de désordre, il sort sans cesse de son caractère et en cela il introduit une confusion dans les rouages de la monarchie.
Delphine Amstutz

Le moraliste et le philosophe 

Ce qui caractérise le moraliste par rapport au philosophe, c'est que sa pensée est toute entière incarnée dans des images. Les images que La Bruyère accole à la cour sont particulièrement fortes puisqu'il emploie des termes qui sont toujours polysémiques. Il joue par exemple avec le mot cour : la cour c'est le lieu où tout le monde court, littéralement, le lieu du mouvement perpétuel. Cette image se décline aussi avec celle de la machine : les courtisans sont décrits comme des automates qui ne pensent pas. Mais la machine c'est également l'intrigue, les rouages et l'instrument qui permet de lever le décor au théâtre et à l'opéra. Delphine Amstutz

Textes lus par Daniel Mesguich :

  • Jean de La Bruyère, Les Caractères ou les Moeurs de ce siècle, Chapitre Des Grands, fragment 50, 1696, édition Gallimard (avec une musique d'Alessandro Scarlatti, Concertos pour flûte à bec, sonate en fa majeur, menuet pour trois flûtes à bec)
  • Jean de La Bruyère, Les Caractères ou les Moeurs de ce siècle, Chapitre Des Grands, fragment 53, 1696, édition Gallimard
  • Jean de La Bruyère, Les Caractères ou les Moeurs de ce siècle, Chapitre Des Grands, fragment 96, 1696, édition Gallimard (avec une musique de Stephan Schrader, Karawane)

Sons diffusés :

  • Extrait du film Marie-Antoinette, de Sofia Coppola, 2006
  • Extrait du film La cité de la peur, de Alain Berbérian, 1994
  • Extrait du film Le jardin du Roi, d'Alan Rickman, 2014
  • Extrait de la pièce de théâtre La Double Inconstance, de Marivaux, 1723, Acte 2, Scène VII, retransmission radiophonique d’une représentation au Théâtre du Vieux-Colombier le 02/02/1995, diffusée dans l’émission Société des Comédies Français le 26/02/1995, mise en scène Jean-Pierre Miquel 
  • Chanson de fin : Charles Trenet, Les relations mondaines

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