"Ulysse" de Joyce, l'impossible union de James et Nora : épisode 1/4 du podcast Les histoires d'amour finissent mal en général

James Joyce and Nora Barnacle, 1930
James Joyce and Nora Barnacle, 1930 ©Getty - Marka/Universal Images Group
James Joyce and Nora Barnacle, 1930 ©Getty - Marka/Universal Images Group
James Joyce and Nora Barnacle, 1930 ©Getty - Marka/Universal Images Group
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Et si l’oeuvre magistrale de James Joyce, “Ulysse”, était d’abord et avant tout un roman d’amour, tiré de sa rencontre capitale avec Nora Barnacle, la femme de sa vie, le 16 juin 1904 ?

Avec

Le 16 juin 1904, James Joyce rencontre Nora Barnacle.
De cette première rencontre naîtra une histoire d’amour et le roman le plus inclassable de l’histoire de la littérature : Ulysse… sorte de transposition littéraire et contemporaine de l’Odyssée d’Homère et de la vie amoureuse de Joyce lui-même.
Le roman de 800 pages se tient en une journée, un 16 juin également...

L'invité du jour :

Philippe Forest, romancier et essayiste

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"Ulysse" : un roman d'amour

"Ulysse" est d’abord et avant tout un roman d’amour, parce que Joyce choisit de situer l’action de son livre le 16 juin 1904 à Dublin, ce jour-là où lui-même quelques années auparavan, il rencontra celle qui allait devenir sa compagne, puis, des années plus tard, sa femme. Ce livre tire l’essentiel de son sens de ce couple particulier que Joyce a formé avec Nora…          
Philippe Forest

Prédation amoureuse

Le chapitre 8 raconte comment Leopold Bloom se met en quête d’un restaurant à l’heure du déjeuner, cela renvoie au champ de l’"Odyssée" qui concerne les géants cannibales qui ont dévoré les compagnons d’Ulysse. L’homme comme machine à mâcher, c’est presque darwinien comme vision de l’humanité, comme une espèce animale parmi les autres, attachée à se nourrir pour survivre dans une sitution où chacun est à la fois la proie et le prédateur, et l’une des formes de cette prédation, c’est la prédation amoureuse, qui fait qu’on voit Leopold et Molly se manger l’un l’autre de baisers…          
Philippe Forest

L'identification au féminin

Ce n’est pas une femme qui parle, mais un homme qui s’identifie à une femme, avec tout ce que cela comporte de fantasmes, qui sont d’ailleurs conscients de la part de Joyce. Il sait ce qu’il fait quand il se glisse fantasmatiquement dans un corps féminin… ça me semble être une des grandes clés, obscure, de ce que le roman du 20ème siècle a produit de meilleur : l’identification d’un homme au féminin... Proust, Aragon, et Faulkner qui a écrit de très grands monologues intérieurs à la faveur desquels c’est un homme qui se met à parler comme s’il parlait depuis ce corps féminin auquel il s’identifie mais sans doute pour faire apparaître à quel point la distance persiste.          
Philippe Forest

Textes lus par Denis Podalydès :

  • James Joyce, Ulysse, 1922, traduction dirigée par Jacques Aubert, Chapitre 8 : Les Lestrygons, traduction du chapitre de Typhaine Samoyault, éditions Folio, p. 245 et 251
  • James Joyce, Œuvres complètes, éditions de la Pléiade, Lettre de James Joyce, p. 58

Texte lu par Maëlys Ricordeau : 

  • James Joyce, Ulysse, 1922, traduction dirigée par Jacques Aubert, Chapitre 18 : Pénélope, traduction du chapitre de Thyphaine Samoyault, éditions Folio, p. 1155.

Sons diffusés :

  • Sons du Bloomsday à Berlin - site internet : visitDublin.com 
  • Archive de James Joyces, 1924
  • Extrait de la comédie musicale de Jonathan Brielle : Himself and Nora, chanson Without a man

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