Vladimir Jankélévitch, le meilleur est à venir ? : épisode 1/4 du podcast L'attente

Vladimir Jankélévitch, le meilleur est à venir ? (Sorbonne, Paris, 1970)
Vladimir Jankélévitch, le meilleur est à venir ? (Sorbonne, Paris, 1970) ©Getty - MALI/Gamma-Rapho
Vladimir Jankélévitch, le meilleur est à venir ? (Sorbonne, Paris, 1970) ©Getty - MALI/Gamma-Rapho
Vladimir Jankélévitch, le meilleur est à venir ? (Sorbonne, Paris, 1970) ©Getty - MALI/Gamma-Rapho
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Jankélévitch est un philosophe du temps, son œuvre oriente l’attente vers le futur, plein d’opportunités, c’est la "futuration", le temps qu’on doit se réapproprier. Mais il y a également une ambiguïté du statut de l'attente chez Jankélévitch : quelle est sa place dans sa philosophie de l'immédiat ?

Avec
  • Laure Barillas enseignante-chercheuse en philosophie à l’université de Strasbourg et auteure d’une thèse sur la pensée de Jankélévitch

Vladimir Jankélévitch, 1903-1985, philosophe du temps et de la morale, influencé principalement par Bergson, écrit  : 

Le temps de la vie est un temps limité auquel sa finitude même prête une organisation, une détermination, une succession de moments : le temps de la vie s’articule en laps de temps.

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L'attente permet d'éclairer l'oeuvre de Jankélévitch et son rapport au temps. Il plaide en effet pour une attente active et enthousiaste tournée vers le futur, vers l’espoir, l’impatience et la liberté.
Pour Jankélévitch, attendre, ce n’est pas attendre que quelque chose nous arrive, mais c’est se disposer à saisir le moment opportun...

Comment faire de la place à l’attente dans une philosophie de l’action, de l’immédiateté qui est celle de Jankélévitch ?

L'invitée du jour :

Laure Barillas, docteure en philosophie morale contemporaine

En savoir plus : Le temps
Avoir raison avec Vladimir Jankélévitch
29 min

L’attente traverse l’œuvre de Jankélévitch

Le thème de l’attente est une excellente façon d’entrer dans l’œuvre de Jankélévitch, c’est un thème de réflexion qui est à la fois moral, métaphysique, vital et qui est présent dans toute son œuvre.    
Pour Jankélévitch, on s’attend soi-même, une des définitions qu’il donne de l’attente c’est de dire que le temps est une façon, avec toute son ironie, relativement positive de se compléter dans le devenir. Le temps, conçu comme un devenir, c’est la tension vers soi-même, l'ipséité, un concept très important chez Jankélévitch, ce qu’on est irréductiblement soi-même. C’est par l’intermédiaire du temps, et donc de l’attente, de ce rapport au temps qui est passionné, aventureux ou en même temps ennuyeux ou sérieux, que le sujet devient lui-même… Il se construit dans ce rapport au temps.    
Nous ne sommes pas une temporalité uniquement tournée vers la mort. Le temps de la vie c’est de l’attention à soi.    
Laure Barillas

L'optimisme en philosophie

Ce que Jankélévitch reconnaît à Bergson c’est l’optimisme en philosophie, un thème très sérieux chez Jankélévitch, il va même lui donner une dimension métaphysique en disant que le sens du présent, c’est le futur. Le sens empirique du présent c’est le futur. Tout est là, si le sens de notre présence ce n’est pas simplement ce qu’il est, une fermeture, une clôture, mais au contraire une ouverture vers ce qu’il appelle « la futurition », c’est-à-dire le futur en train d’advenir, alors tout est encore possible… Le présent n’est pas simplement la fatalité de ce qui nous arrive, de notre destin qui serait clôt mais au contraire c’est un temps polarisé vers la futurition où tout demeure possible !    
Laure Barillas

La mort

La philosophie de Jankélévitch est très consciente de la fin de la vie, de la mort, ce n’est pas une philosophie qui serait simplement du côté de la joie et de l’optimisme. Il y a une inquiétude fondamentale qui est liée à ce revers de la demi-ouverture de l’existence qui fait que d’un côté nous n’avons pas la date de la mort, nous ne sommes pas des condamnés à mort, mais en même temps, on l’est quand même in fine, on ne sait pas quand on va mourir mais on sait qu’on va mourir. On connaît le quad et pas le quid, comme le dit Jankélévitch, on connaît le fait de la mort mais pas le moment ni les modalités. C’est cette absence de quid qui nous fait vivre, sans ça on serait simplement dans la condition du condamné à mort.    
Laure Barillas

Textes lus par Hélène Lausseur :

  • Extrait de L'aventure, l'ennui, le sérieux de Vladimir Jankélévitch aux éditions Flammarion Champs essais, 1963
  • Extrait de L'Être et le Néant de Jean-Paul Sartre aux éditions Gallimard collection Tel, 1943

Sons diffusés :

  • Archive de Vladimir Jankélévitch sur l'ambiguïté du temps, Les Chemins de la connaissance, France Culture, 1971
    et chanson de Lee Dorsey, Yaya
  • Musique de Maurice Ravel, Boléro
  • Musique de Maurice Ravel, Miroirs : oiseaux tristes
  • Archive de Vladimir Jankélévitch sur la rencontre amoureuse, Entretiens, France Culture, 1972
  • Lecture d'Adèle Van Reeth, extrait de La Mort de Vladimir Jankélévitch aux éditions Flammarion Champs essais, 1966
  • Extrait de la série télévisée Kaamelott, saison 3, 2006
  • Chanson de fin : Jacques Higelin, La rousse au chocolat

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