Ce bois fatal m’a fait pleurer deux fois : épisode 8/13 du podcast De la littérature comme sport de combat (suite)

Buste de Armand Carrel par le sculpteur David d'Angers (1838). Exposé dans la Galerie David d'Angers, Angers.Emile de Girardin. Source, Marie Vaudouer, Œuvres choisies de madame de Girardin, Paris, Alcide Picard
Buste de Armand Carrel par le sculpteur David d'Angers (1838). Exposé dans la Galerie David d'Angers, Angers.Emile de Girardin. Source, Marie Vaudouer, Œuvres choisies de madame de Girardin, Paris, Alcide Picard - Wikicommons
Buste de Armand Carrel par le sculpteur David d'Angers (1838). Exposé dans la Galerie David d'Angers, Angers.Emile de Girardin. Source, Marie Vaudouer, Œuvres choisies de madame de Girardin, Paris, Alcide Picard - Wikicommons
Buste de Armand Carrel par le sculpteur David d'Angers (1838). Exposé dans la Galerie David d'Angers, Angers.Emile de Girardin. Source, Marie Vaudouer, Œuvres choisies de madame de Girardin, Paris, Alcide Picard - Wikicommons
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Comment le talentueux et courageux Armand Carrel est-il mort dans le troisième duel politique qui l’a opposé à Émile de Girardin, le 22 juillet 1836? demande Antoine Compagnon. Comment deux modèles du journalisme se sont-ils opposés?

Avec
  • Antoine Compagnon Professeur au Collège de France depuis 2006, titulaire de la chaire de Littérature française moderne et contemporaine

Armand Carrel incarnait selon la formule du journaliste politique, Jacques Kayser, le "désintéressement de la liberté", face à "l’industrie naissante du journalisme", portée par Girardin ? Que reste-t-il du journaliste indépendant, âme du National, Armand Carrel, figure hélas oubliée, aujourd’hui, et à laquelle Jacques Kayser, historien du journalisme, engagé dans une croisade en faveur de la liberté de l’information, a rendu un vibrant hommage à la radio en 1955 (archive Ina). 

Carrel disparu "dans un bois fatal", quelles sont autres figures de la guerre littéraire? Comment l’éreintage ou l’éreintement, mot nouveau et "mot de métier", qui consacre l’art de casser les reins et de démolir ce qui est en vue, est-il un art essentiel dans la guerre littéraire? Qui était  Adolphe Granier de Cassagnac, rédacteur au Journal des Débats, fondateur du Globe

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Antoine Compagnon, titulaire de la chaire " Littérature française moderne et contemporaine : Histoire, critique, théorie » poursuit la série inaugurée en 2017 autour " De la littérature comme sport de combat"

Dans un premier cycle de cours, l’an passé, il avait mis en avant les "tropes" de la guerre littéraire, « guerre littéraire » qu’il avait empruntée » aux Illusions perdues de Balzac. Cette année, il propose de s’attacher aux figures de ce journalisme belliqueux qui joue de l’épée et de la plume d’acier en essayant de leur associer à chacune, un des tropes de la guerre littéraire. 

Le cours précédant avait présenté les deux premiers duels politiques d’Armand Carrel, figure du journaliste et éternel sous-lieutennant, nous l’avions laissé grièvement blessé par le deuxième duel,songeant que sa "vie de jeune homme est finie" et qu’il "ne lui reste plus d’autres armes que la plume"… Chateaubriand qui regrette l’ami disparu, « toujours prêt à risquer sa vie", déplore, dans de très belles pages des Mémoires d’outre-tombe, l'ultime duel face à la presse industrielle d'Emile de Girardin. Il écrit : 

"s’il eût succombé dans son duel contre le jeune Laborie à propos d’Henri V sa mort aurait eu du moins une grande cause et un grand théâtre ; (…) il nous a abandonné pour une misérable querelle qui ne valait pas un seul cheveu de sa tête  "

Et nous gagnons l’amphithéâtre du Collège de France, le 20 février 2018 pour le cours d’Antoine Compagnon, aujourd’hui « Ce bois fatal m’a fait pleurer deux fois »