Comment la compréhension de la lumière nous permet-elle d’appréhender le monde bien au-delà des phénomènes optiques ?
- Alain Prochiantz Neurobiologiste, professeur émérite au Collège de France.
- Serge Haroche Physicien, professeur honoraire au Collège de France, prix Nobel de physique 2012.
Des bases de l’optique posées par le savant arabe Alhazen, il y a 1000 ans, à la lumière comme onde établie par Fresnel, à l’époque moderne, puis aux équations de Maxwell et à la relativité d’Einstein - et aussi en passant par bien des découvertes, comment l’aventure de l’observation de la lumière continue-t-elle de révolutionner notre monde ?
Pour son colloque de rentrée en 2015, année internationale de la Lumière, le Collège de France a invité ses professeurs, des chercheurs et des artistes à réfléchir à la fois sur la lumière comme phénomène et sur les Lumières comme courant idéologique, culturel et artistique.
L’ Unesco rappelait les enjeux de cette « Année internationale de la lumière et des applications qui y sont liées » :
« voulue comme une initiative globale qui vise à sensibiliser les citoyens du monde entier sur l'importance, dans leur vie quotidienne, de la lumière et des technologies qui y sont associées tels que l'optique. La Lumière et ses technologies participent pleinement au développement de la société. C'est une occasion unique d'inspirer et d'éduquer à l'échelle mondiale. »
Et le colloque du Collège de France s’inscrit bien dans cette perspective.
Alain Prochiantz, Administrateur du Collège de France, ouvre ce colloque et revient sur la création du Collège de France à la Renaissance et situe son évolution dans l'esprit des Lumières, dans cette Europe qui fait dialoguer Galilée avec Kepler, une « Europe éclairée » qui invente le monde moderne dans sa dimension scientifique, mais qui "garde aussi de la Renaissance la tension entre foi et nature". Aussi revient-il sur la figure de Sade. Analyser la lumière, les lumières, c’est aussi étudier la part d’ombre ou en clair-obscur de l’évolution de nos sociétés et des découvertes, quel que soit le domaine, qui les modifient.
Serge Haroche qui présente ensuite, « Espace, temps et quanta : comment les interrogations sur la lumière ont révolutionné notre vision du monde" indique :
« Il n'est pas exagéré de dire que notre monde moderne est celui de la lumière, en un sens différent de celui qui a fait dire que le XVIIIe siècle a été le siècle des Lumières. Au XXIe siècle, il ne s'agit plus d'une métaphore, mais de l'exploitation des propriétés de la lumière physique, visible ou invisible, sous toutes ses formes. Nous ne pouvons plus nous passer des rayonnements micro-ondes, des lumières, des lasers".
Co-lauréat du Prix Nobel de physique pour ses « méthodes expérimentales novatrices » en 2012, Serge Haroche s’est consacré à l’étude de l’interaction entre l’atome et la lumière, pendant 15 ans, entre 2001 et 2015, dans le cadre de la chaire « Physique quantique ». De sa leçon inaugurale à sa leçon de clôture ou dans le cadre de ce colloque sur la lumière, le physicien parcourt et narre avec passion et pédagogie, l’épopée scientifique des découvertes autour des lumières. A la fois onde et particules, la lumière a ouvert la voie a un monde "bizarre", "contre-intuitif", mais riche de nouvelles perspectives avec le développement de la physique quantique.
Il explique que "le XVIIe siècle est marqué par les premières observations quantitatives ou se posèrent des questions essentielles ; le XIXe siècle a partiellement répondu à ces questions, et le XXe siècle compléta ces réponses en montrant que la lumière était plus subtile que prévu et qu'elle nous cachait d'autres mystères."
Et nous gagnons l’amphithéâtre du Collège de France pour la matinée du 15 octobre 2015 consacrée à la question du « Phénomène de la lumière et ses métaphores , avec en ouverture, Alain Prochiantz, suivi en seconde partie, de Serge Haroche : Espace, temps et quanta : comment les interrogations sur la lumière ont révolutionné notre vision du monde
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