

Comment Zeus peut-il être placé en position dominante dans l’œuvre d’Hésiode et qui sont les daimones de l’Âge d’or chez le poète-théologien ? S’interroge l’historienne Vinciane Pirenne-Delforge. Quelle est la condition humaine dans "la Théogonie et Les Travaux et les Jours" ?
- Vinciane Pirenne-Delforge Historienne, professeur au Collège de France. Elle est titulaire de la Chaire Religion, Histoire et Société dans le Monde Grec Antique.
Nouvelle diffusion du 20 novembre 2019
Après avoir mené longtemps sa carrière en Belgique, depuis octobre 2017, Vinciane Pirenne-Delforge est professeure au Collège de France, titulaire de la chaire "Religion, histoire et société dans le monde grec antique". Docteure en philosophie et lettres, de ses premiers travaux sur Aphrodite à son livre sur la déesse, Héra, Vinciane Pirenne-Delforge s’attache, depuis 30 ans à « comprendre les mécanismes de fonctionnement du polythéisme dans le monde grec ancien. »
Elle interroge les entités des "Dieux, des daimones, et des héros" dans le cadre d’une série pluri-annuelle. La première partie de cette série s’attache notamment à la notion complexe et polyvalente du daimôn. Après deux cours consacrés à l’épopée homérique, elle analyse le daimôn chez Hésiode, poète- théologien entre la fin du VIIIe siècle avant JC et le VIIe siècle.
L’helléniste et anthropologue, Marcel Detienne note dans l’article qu’il consacre à Hésiode, dans L’Encyclopaedia Universalis :
« Par la Théogonie qui prolonge une condition poétique et religieuse plus archaïque que l'épopée d'Homère, Hésiode est le témoin privilégié d'une forme de pensée mythique qui obéit à un type de logique différent du nôtre. Par Les Travaux et les jours, au contraire, il fait figure de précurseur de Solon : le théologien qui raconte l'avènement de la souveraineté de Zeus et développe le mythe des races, cède la place à un laboureur qui parle de dettes, de faim amère, qui invective les puissants de la Boétie et tonne contre les rois voraces. »
Dans le même article, Marcel Detienne rappelle également :
« Dès les premiers vers de la Théogonie, Hésiode s'affirme comme un poète inspiré, que les Muses ont choisi pour dire « ce qui sera et ce qui fut », et pour célébrer « la race de bienheureux toujours vivants ». La Théogonie n'est pas seulement un récit qui raconte le surgissement d'un monde ordonné sur l'horizon d'un chaos primordial, c'est aussi et surtout un hymne à la puissance d'un dieu souverain, qui étend son pouvoir sur tout l'univers, et dont la victoire sur les forces adverses établit un ordre définitif. Comme l'a montré Jean-Pierre Vernant, la Théogonie est un hymne à la gloire de Zeus roi. »
Dans le cours précédent, Vinciane Pirenne-Delforge rappelait que dans l’Iliade :
"Le sort des hommes, dans le mélange de biens et des maux qui le caractérise, est rapporté à la figure de Zeus lui-même dans le morceau de bravoure rhétorique que le poète met dans la bouche d’Achille."
Le héros dit ainsi :
"Deux jarres sont plantées dans le sol de Zeus : l’une enferme les maux (κακῶν), l’autre les biens dont il nous fait présent. Celui pour qui Zeus Tonnant fait un mélange de ses dons rencontrera aujourd’hui le malheur (κακῷ), et demain le bonheur."
Alors d’Homère à Hésiode, quelle figure de Zeus peut émerger ? Et comment se dessine une « notion de daimôn qui sert à exprimer le « ressenti » subjectif d’une action divine, tout en assumant potentiellement le profil d’une entité objectivée qui participe de la divinité qui l’envoie ? » s’interroge Vinciane Pirenne-Delforge.
Nous gagnons l’amphithéâtre du Collège de France, le 14 mars 2019 pour le cours : "Daimôn chez Hésiode : les daimones des Travaux".
Pour prolonger :
La leçon inaugurale de Vinciane Pirenne-Delforge, Le polythéisme grec, comme objet d’histoire a été publiée chez Fayard en 2018. Elle a également publié avec Gabriella Pironti L'Héra de Zeus: ennemie intime, épouse définitive, aux Belles lettres, en 2016.
Tout Homère, traduit du grec ancien par Pierre Judet de La Combe, sous la direction d'Hélène Monsacré chez Albin Michel, et les Belles lettres, en 2019
Homère, L'Odyssée. Volume 2 ; traduction de Victor Bérard ; illustrations et décors de François-Louis Schmied ; [gravés sur bois par Théo Schmied] ; [coloriés au pochoir par Jean Saudé] Date d'édition : 1930-1933 ( Bnf-Gallica)
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