"Nous marcherions tous deux, rappelant notre ardeur guerrière, même contre un daimôn" écrit Homère. Mais que veut dire le poète ? s’interroge l’historienne Vinciane Pirenne-Delforge. Le 'daimôn' est il une divinité mineure ou inférieure dans l’épopée homérique ?
- Vinciane Pirenne-Delforge Historienne, professeur au Collège de France. Elle est titulaire de la Chaire Religion, Histoire et Société dans le Monde Grec Antique.
Nouvelle diffusion du 18 novembre 2019
Quelles sont les entités divines qui pèsent sur l’intrigue de L’Illiade et de L’Odyssée ? Que découvre-t-on de la notion de daimôn dans l’œuvre d’Homère ? Comment se déploie-t-elle majoritairement au singulier dans ces deux célèbres épopées ?
Professeure au Collège de France, titulaire de la chaire « Religion, histoire et société dans le monde grec antique », Vinciane Pirenne-Delforge a mené sa carrière au Fonds de la recherche scientifique (FNRS) de la Fédération Wallonie-Bruxelles, tout en enseignant à l'université de Liège, où elle a dirigé l'unité de recherche « Histoire et anthropologie des religions ». Ses principaux champs d'investigation sont la religion grecque antique - notamment ses dieux et ses normes rituelles -, le fonctionnement des systèmes polythéistes dans les cultures anciennes, ainsi que l'historiographie des religions.
Cette année, elle interroge les entités des " Dieux, daimones, héros". Depuis plusieurs cours, elle s’attache à la notion complexe et polyvalente du daimôn ou daimones au pluriel.
Dans sa leçon inaugurale, elle notait :
"Vous aurez peut-être remarqué mon insistance à parler des figures supra-humaines que sont les dieux, et non de surnature ou de surnaturel. Ce n’est évidemment pas un hasard. Tant les dieux que les hommes participent d’un cosmos où ne se marque pas de coupure ontologique radicale. La frontière qui passe entre les humains et les dieux relève globalement d’une différence de qualité de l’être, d’intensité dans l’être plutôt que d’une incommensurable altérité. Au-delà d’une certaine manière d’entrer en relation avec les dieux et d’exprimer leur action, la forme humaine que les Grecs leur prêtaient volontiers tient aussi à cette immanence du divin et la catégories des héros, si particulière à la culture grecque y trouve une partie de son enracinement."
Jean-Pierre Vernant, que Vinciane Pirenne-Delforge citait également dans sa leçon inaugurale, déclarait en 1960, dans un colloque sur les problèmes de la personne :
"Les dieux helléniques sont des Puissances, non des personnes."
Dans le cours présent, Vinciane Pirenne-Delforge note :
"Le daimōn n’est pas, comme on le lit souvent, une puissance indéfinissable en soi. Le recours à ce terme traduit plutôt l’ignorance de l’identité de son agent par celui qui la subit."
Alors quelle est l’association étroite entre le terme de daimôn et le registre de l’action divine chez Homère ?
Nous gagnons l’amphithéâtre du Collège de France, le 28 février 2019, pour le cours de Vinciane Pirenne-Delforge, aujourd’hui "Daimôn dans l'épopée homérique : de l'action divine" .
Pour prolonger :
Archive INA : Extrait de l'Hymne Homérique à Déméter, lecture enregistrée dans le cadre des Chemins de la connaissance, sur France Culture, émission du 24/02/2004
La leçon inaugurale de Vinciane Pirenne-Delforge, Le polythéisme grec, comme objet d’histoire a été publiée chez Fayard en 2018. Elle a également publié avec Gabriella Pironti L'Héra de Zeus: ennemie intime, épouse définitive, aux Belles lettres, en 2016.
Tout Homère, sous la direction d'Hélène Monsacré, chez Albin Michel, et les Belles lettres, en 2019.
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