De la plus grande des guerres saintes et de l’autocratie : épisode 14/9 du podcast L’Empire ottoman et la Turquie face à l’Occident, les années 1820-1830

Le Sultan  Mahmud II quittant la mosquée Bayezid, Constantinople, 1837
Le Sultan  Mahmud II quittant la mosquée Bayezid, Constantinople, 1837 ©Getty -  Auguste Mayer (1805-1890)
Le Sultan Mahmud II quittant la mosquée Bayezid, Constantinople, 1837 ©Getty - Auguste Mayer (1805-1890)
Le Sultan Mahmud II quittant la mosquée Bayezid, Constantinople, 1837 ©Getty - Auguste Mayer (1805-1890)
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Quel sorte d’autocrate moderne pourrait être, le sultan Mahmud II ? s'interroge l'historien Edhem Eldem. Quelles sont les représentations de la violence, au moment de l’abolition des janissaires, ce corps d'élite de l’armée turque, en juin 1826 ?

Avec
  • Edhem Eldem professeur d'histoire à l'Université de Bogaziçi à Istanbul, titulaire de la chaire internationale d'histoire turque et ottomane au Collège de France

Rediffusion du 11/10/2019

Comment selon un rapport d’ambassade, le mois suivant, les derviches Bektachis ont-ils été recherchés par le gouvernement ? Pourquoi ces religieux, "dont le fondateur avait consacré en 1329 l’établissement des Janissaires ", sont-ils proscrits à leur tour ? Quel est "leur attachement" à la milice, jugée source de troubles et abolie par l’Etat ottoman" ? 

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Titulaire de la chaire internationale d'Histoire turque et ottomane au Collège de France, Professeur à l’université anglophone de Boğaziçi, Edhem Eldem nous entraîne dans une grande série pluriannuelle intitulée : "L’Empire ottoman et la Turquie face à l’Occident". Cette année, il s’attache à l’ère des reformes, entre 1820 et 1830.

Edhem Eldem qui a enseigné aussi bien aux Etats-Unis qu’en France,  défend une approche plurielle de l’Empire ottoman, qui mêle histoire générale et micro-histoire locale, au plus plus près des documents, que ce soient des rapports d’ambassades où l’on peut recueillir un contrepoint au discours univoque d’Etat, des gravures, des lettres personnelles ou l’analyse des stèles funéraires, comme dans le cours précédent…  

Edhem Eldem s’est attaché notamment aux marques de « damnations mémorielles », qui ont pu toucher les janissaires, quand le sultan Mahmud II, s’est lancé dans de grandes réformes d’Etat et a décidé d’abolir ce corps militaire, jugé séditieux, en juin 1826.

L’historien a cité l’écrivain Théophile Gautier, dans Constantinople (texte publié en 1853), qui écrit :

« La rancune du sultan Mahmud ne s’arrêta pas là. Quand on se promène dans le Champ-des-Morts de Pera ou de Scutari, on rencontre beaucoup de cippes décapités restés debout avec leur turban de marbre à leur pied, comme un homme sans tête : ce sont les tombes d’anciens janissaires que la mort n’a pas mis à l’abri de la colère impériale. »

Cette colère impériale se traduit par une sorte de guerre sainte, où les janissaires sont présentés comme « impies ». 

"Sept ans après "l'heureux événement", le journal officiel (Takvim-i Vekayi) rapportait que deux janissaires ressuscités sous la forme de vampires, avaient hanté et terrorisé la population d’un village de Bulgarie ; c’est dire à quel point l’État tenait à noircir la mémoire de ce corps." souligne Edhem Edelm 

Cependant, au-delà du discours d’Etat et de la volonté de faire naître un sentiment de terreur dans une population ottomane, jugée dangereusement liée aux réseaux des janissaires, quelle figure d’autocrate moderne fait émerger Mahmud II ? Comment se transforme-t-il en tant que sultan ? Quelle identité constitue-il ? s’interroge Edhem Eldem. Et quels sont les signes d’un découragement populaires dans ce temps de crise violente ? 

Qui est Aga Pacha, « pauvre tête avec un bras redoutable », selon le rapport de l’ambassadeur, le 11 juillet 1826?

Nous gagnons l’amphithéâtre du Collège de France, le 25 janvieret le 1er février 2019, pour le cours d’Edhem Eldem, aujourd’hui "De la plus grande des guerres saintes et de l’autocratie".

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