

Quelle est l’histoire particulière de Delhi ? Comment est-elle devenue une ville capitale à l’époque moderne ? Comment a-t-elle été plus ou moins abandonnée ? Où est la ville contrôlée et celle des artistes et artisans ? Quel centre intellectuel ?
- Sanjay Subrahmanyam Professeur à l'université de Californie à Los Angeles, professeur au Collège de France, Chaire Histoire globale de la première modernité.
Nouvelle diffusion du 23 mars 2017
La cité a-t-elle conquis ses alentours ou sa région a-t-elle conquis cette capitale intermittente de l’Inde jusqu’à New Delhi ?
SANJAY SUBRAHMANYAM, qui est né à Delhi, mais qui a grandi en partie à Bangalore, « une cité idyllique qui est devenu, selon lui, une horreur écologique », depuis la chaire d'Histoire globale de la première modernité au Collège de France où il est professeur invité depuis 2013, nous entraîne en Inde du Nord dans sa ville natale. Mais ici point de ville moderne, nous découvrons la forteresse et une ville neuve, construite en 9 ans, au XVIIe siècle, voulue par Shahjahan en 1637-38 et fondée l’année suivante.
C’est à Delhi que Sanjay Subrahmanyam s’est formé. Dans son recueil d’articles, Leçons indiennes, Itinéraires d’un historien, Delhi, Lisbonne, Paris, Los Angeles, le chercheur polyglotte qui s’est mis au service d’histoires connectées et trans-frontières rappelle : « J'ai débuté comme historien des échanges et du commerce dans une certaine tradition celle de la Delhi School of Economics. Mais si vous regardez mon premier livre La politique économique du commerce, j'y luttais déjà pour trouver une manière d'élargir l'horizon de l'histoire des échanges. La bataille pour moi, tout au long de ma carrière, a donc été d'élargir mes horizons et de chercher à comprendre comment des gens ayant d'autres formations et traditions intellectuelles que la mienne avait tiré profit de leurs sources. »
Il s’agit pour lui d’aller au-delà de l’approche stéréotypée des 8 villes de Delhi. Il nous fait entrer dans cette ville ou co-habitent musulmans et non musulmans grâce un texte de François Bernier qui y a séjourné entre 1660 et 1665. Il évoque une « ville toute neuve » où les ruines ont servi à bâtir la nouvelle Delhi, au bord d’un fleuve qu’il compare à la Loire.
Les forteresses portent les influences afghanes. Les moghols qui ne cessent de construire des bâtiments, même quand ils ont abandonné un temps Delhi comme capitale, gardent pour la ville un rapport sentimental. Lieu saint, entre forteresses et nécropoles, ville contrôlée avec sa grande mosquée, son grand centre soufi et ses belles maisons de nobles, son temple sikh, mais aussi, sorte de lieu de mémoire pour les auteurs, Delhi, qui inspire de nombreux textes, offre aussi la vision d’un centre intellectuel et de quartiers joyeux où se côtoient musiciens, danseurs et artisans. Quel rôle joue l’Etat moghol pour développer la ville ? Quel est celui des marchands, des bourgeois ? Trop de monde au XVIIIe siècle, comment la cité gagne-t-elle sur les alentours ? Et pour savoir pourquoi Sanjay Subrahmanyam évoquant le projet de départ d’une ville encerclée et très bien définie, nous laisse avec la question de savoir si c’est la région qui a conquis Delhi, gagnons tout de suite, l’amphithéâtre du Collège de France, le 15 février 2017, pour le Cours de SANJAY SUBRAHMANYAM, « Les plaques tournantes de l'histoire globale, XVIᵉ-XVIIIᵉ siècles : Carrefours et lieux de rencontre », aujourd’hui « Delhi »
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