Épisode 11 : L’indépendance de la Syrie et du Liban et la crise iranienne de 1945 : épisode 11 du podcast LES CRISES D’ORIENT, L'HÉGÉMONIE BRITANNIQUE 1926-1956 (16 ÉPISODES)

Dix-huit délégués écoutent le discours de Saadallah al Jabri bey, délégué syrien pendant la conférence de la Ligue arabe au Caire, Egypte en 1945.
Dix-huit délégués écoutent le discours de Saadallah al Jabri bey, délégué syrien pendant la conférence de la Ligue arabe au Caire, Egypte en 1945. ©Getty - Keystone-France\Gamma-Rapho - Getty
Dix-huit délégués écoutent le discours de Saadallah al Jabri bey, délégué syrien pendant la conférence de la Ligue arabe au Caire, Egypte en 1945. ©Getty - Keystone-France\Gamma-Rapho - Getty
Dix-huit délégués écoutent le discours de Saadallah al Jabri bey, délégué syrien pendant la conférence de la Ligue arabe au Caire, Egypte en 1945. ©Getty - Keystone-France\Gamma-Rapho - Getty
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Qu’est-ce qui se joue entre les Français, les Britanniques et les Américains au moment de l’indépendance de la Syrie et du Liban? L’historien Henry Laurens analyse comment les prodromes de la guerre froide vont émerger en Iran et en Turquie après 1945.

Avec
  • Henry Laurens Professeur au Collège de France, titulaire de la chaire d'Histoire contemporaine du monde arabe.

Nouvelle diffusion du 4/02/2019

Si le « temps où les blindés britanniques pouvaient menacer le Palais royal égyptien ou déposer le Shah d’Iran est révolu », comment « l’héritage des ingérences britanniques permanentes » pèse-t-il ? 

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Henry Laurens, professeur au Collège de France, titulaire de la chaire « Histoire contemporaine du monde arabe » nous entraîne dans un vaste récit-analyse autour de l’hégémonie britannique entre 1926 et 1956 dans le cadre de sa série pluri-annuelle consacrée aux crises d’Orient.  L’historien a pu rappeler dans une série précédente qu’il considérait « L’histoire comme un immense feuilleton sans conclusion ». Nous voici à la fin de la guerre où à côté des Britanniques et des Français, les Etats-Unis sont devenus une puissance de poids au Moyen Orient tandis que l’URSS tente d’avancer ses pions.

Dans son ouvrage, Les Orientales, Henry Laurens explique le contexte des enjeux géopolitiques liés aux questions pétrolières : 

"Dans L'entre-deux-guerres, les compagnies pétrolières américaines s'intéressent au pétrole du Moyen-Orient. Elles obtiennent une participation minoritaire dans l'Irak Petroleum compagnie qui exploite le pétrole de l'Irak et dans les pays du golfe (au Koweït et à Bahreïn). Dans les années 1930, elles se lancent dans la prospection en Arabie Saoudite. Durant la seconde guerre mondiale les arabisants souvent recrutés dans les familles de missionnaire forment un véritable groupe de pression très présent au département d'État américain aux affaires étrangères, dans les services de renseignement et dans les compagnies pétrolières. Ils soutiennent la cause du nationalisme arabe". 

"Leur grand succès, souligne Henry Laurens, est le soutien apporté à l'indépendance de la Syrie et du Liban par rapport au mandat français, et le fait qu'en 1945, l'Arabie Saoudite devient un atout stratégique américain. L’Arab American Oil Company, ARAMCO, consortium des grandes compagnies pétrolières, est chargée de développer les ressources pétrolières du royaume saoudien".

C’est ce contexte que nous retrouvons cette semaine. Alors, comment de Gaulle compte-t-il  transformer le désastre syrien en coopération des grandes puissances, gérant l’ensemble des affaires du Moyen-Orient, malgré quatre ans d’affrontements en Syrie ?  Pourquoi les Anglo-saxons sont-ils contre l’idée de "rétablir un concert des puissances" qui permettrait à l’Union soviétique d’avoir une place au Moyen Orient ? Comment la rancœur des tensions franco-britanniques au Levant et des conditions de l’indépendance de la Syrie et du Liban va-t-elle durer au moins jusqu’à la crise de suez de 1956 ? 

Si la situation en Syrie et au Liban avait une nette importance, c’était aussi comme précédent pour l’évacuation des troupes étrangères d’Iran, qui se trouvait occupé par les forces britanniques et soviétiques depuis 1941 avec une présence américaine forte : 

Comment la double occupation britannique et soviétique en Iran peut-elle être interprétée comme la résurgence du « Grand Jeu » d’avant-1914?

Quel rôle joue la question des concessions pétrolières iraniennes dans les tensions entre Anglo-saxons et Soviétiques ? 

Comment à  la suite de la capitulation allemande, le gouvernement iranien a-t-il demandé le 18 mai 1945 le retrait des troupes étrangères dans les six mois, dans le contexte de la naissance des arbitrages de l’ONU ?

Nous gagnons le Collège de France le 19 décembre 2018.