Frontières épistémiques par Didier Fassin

Le médecin et sa patiente lors d'une téléconsultation, photographie de BSIP en 2018, agence spécialisée dans les images scientifiques et médicales
Le médecin et sa patiente lors d'une téléconsultation, photographie de BSIP en 2018, agence spécialisée dans les images scientifiques et médicales ©Getty - BSIP/Universal Images Group via Getty Images
Le médecin et sa patiente lors d'une téléconsultation, photographie de BSIP en 2018, agence spécialisée dans les images scientifiques et médicales ©Getty - BSIP/Universal Images Group via Getty Images
Le médecin et sa patiente lors d'une téléconsultation, photographie de BSIP en 2018, agence spécialisée dans les images scientifiques et médicales ©Getty - BSIP/Universal Images Group via Getty Images
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Pourquoi les personnes souffrant d’une pathologie non reconnue, doivent-elles se constituer une légitimité? Comment malades et médecins s’opposent-ils? S’interroge le médecin-anthropologue, Didier Fassin.

Avec

Nouvelle diffusion du 16 juin 2021 

"De quelle façon le raffinement de la science et de la science des nombres en particulier, transforme-t-il non seulement le domaine de la santé publique, mais aussi, le rapport au normal et au pathologique"? 

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Titulaire de la chaire annuelle de Santé publique, en 2020-2021 au Collège de France, Didier Fassin est professeur de sciences sociales à l' Institute for Advanced Study de Princeton et directeur d'études à l’EHESS. Cette semaine, il nous propose des "excursions anthropologiques dans les mondes de la santé publique", avec le volonté de "dire la santé publique différemment", en s’appuyant sur les "autres perspectives" qu’ouvre l’approche anthropologique. 

"Penser la santé publique autrement, indique Didier Fassin_, implique aussi de prêter attention à ses points aveugles, ses faces cachées, voire ses domaines controversés. Ainsi, les frontières épistémiques sont-elles le lieu de confrontations entre l’expérience des malades et l’expertise des médecins"._

Aujourd’hui, Didier Fassin revient en particulier sur le cas de la maladie de Lyme chronique et celui des états de stress post-traumatique. Il nous propose une stimulant retour sur le syndrome de la guerre du Golfe, syndrome  au "mystérieux tableau clinique", qui oppose malades vétérans aux experts, tandis qu’en fin d’analyse, se révèle aussi les "disparités de connaissances et l’inégalité des vies"… la population irakienne et ses souffrances n’intervenant pas dans les enquêtes…

Nous entrons aujourd’hui dans les limbes et dans les controverses des "maladies sans malades et des malades sans maladies", où "planent les doutes inféconds" et le terrible soupçon de "pathologies imaginaires", la "relégation dans la stigmatisante typologie des  troubles mentaux…"

Didier Fassin nous propose une réflexion sur ce qu’il appelle les "frontières épistémiques".

Ce sont ces "zones liminales , nous dit-il, où les maladies se redéfinissent, où elles se trouvent contestées, où elles ébranlent les certitudes de la médecine. (…) Ces frontières épistémiques sont moins la résultante du travail des médecins que de la mobilisation d'autres acteurs et notamment de malades. Elles ne concernent pas seulement des individus, mais des populations entières. En ce sens, on peut parler de frontières épistémiques de la santé publique. Elles sont révélatrices d'enjeux de société qui comprennent, à des degrés divers, des dimensions cognitives, politiques et morales".

Nous allons découvrir dans l’heure comment "la loi qui régit les frontières épistémiques est celle de l’autorité", explique le médecin-anthropologue. 

"Elle pose que certains ont autorité à dire qu'une maladie existe et d'autres non. Cette loi arbitre le conflit de légitimité entre les malades et les experts." 

Cela posé comment entrent en jeu les restructurations, les redéfinitions? 

Alors quels sont "les confins incertains des territoires de la santé publique"

Nous gagnons le Collège de France, le 12 mai 2021, pour le cours de Didier Fassin, aujourd’hui "Les frontières épistémique".

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