Introduction : l'Europe et le sort du musée Napoléon : épisode 1/9 du podcast 1815 : Année zéro. L'Europe à l'heure des restitutions d'œuvres d'art

Cortège nuptial de Napoléon et de Marie Louise d'Autriche, 1810 [H. Floury, Paris, 1921], dessin préparatoire à partir d'un extrait d'aquarelle de Benjamin Zix.
Cortège nuptial de Napoléon et de Marie Louise d'Autriche, 1810 [H. Floury, Paris, 1921], dessin préparatoire à partir d'un extrait d'aquarelle de Benjamin Zix. ©Getty - Photo by The Print Collector/Heritage Images via Getty Images
Cortège nuptial de Napoléon et de Marie Louise d'Autriche, 1810 [H. Floury, Paris, 1921], dessin préparatoire à partir d'un extrait d'aquarelle de Benjamin Zix. ©Getty - Photo by The Print Collector/Heritage Images via Getty Images
Cortège nuptial de Napoléon et de Marie Louise d'Autriche, 1810 [H. Floury, Paris, 1921], dessin préparatoire à partir d'un extrait d'aquarelle de Benjamin Zix. ©Getty - Photo by The Print Collector/Heritage Images via Getty Images
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Comment l'Europe s’est elle penchée sur le sort du Musée Napoléon (futur musée du Louvre) en 1815 ? Demande l’historienne de l’art, Bénédicte Savoy. Intellectuels, artistes, politiques se sont interrogés sur la question de savoir s'il faut reprendre les œuvres spoliées par les troupes françaises.

Avec
  • Bénédicte Savoy Historienne de l’art à l'université technique de Berlin, elle est l'auteur avec Felwine Sarr du rapport sur la restitution du patrimoine culturel africain.

Faut il obliger la France à restituer ces œuvres? Et si oui, que faire ensuite avec ces pièces qui avaient été prises dans des musées parfois, ou dans des églises, dans des monastères ou dans des lieux qui n'étaient pas des musées acquis?

Normalienne, agrégée d’allemand (1996), titulaire d’un Doctorat d’études germaniques, sous la direction de Michel Espagne (2000), Bénédicte Savoy vit et poursuit sa carrière en Allemagne, où elle dirige le département d’histoire de l’art de la Technische Universität de Berlin (l’université technique). L’historienne qui a fait sa thèse sur « les spoliations des biens culturels par la France en Allemagne autour de 1800 » a reçu le prestigieux prix de recherche Leibniz en 2016, tandis qu’elle est nommée Professeur au Collège de France, titulaire de la chaire internationale « Histoire culturelle des patrimoines artistiques en Europe, XVIIIe-XXe siècle ». Son groupe de recherche travaille alors  sur les « translocations », les « déplacements du patrimoine en période de guerre ou d’asymétrie de pouvoir ».

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L'historienne a contribué au commissariat général de plusieurs expositions en France et en Allemagne, et elle a été nommée experte culturelle pour la restitution du patrimoine africain le 5 mars, 2018 par le président de la République, aux côtés de l’écrivain et universitaire sénégalais Felwine Sarr. Leur rapport a été rendu en novembre 2018. C’est riche de ces différentes expériences et de ces questionnements très contemporains qu’elle interroge donc le phénomène de déplacements, de « translocation », comme on dit aujourd’hui des œuvres d’art, et qu’elle questionne l’histoire transnationale des musées en Europe, depuis deux siècles. 

Depuis sa leçon inaugurale donnée en 2017,  elle rappelle que les œuvres sont des « objets du désir », quand ils ne sont pas des trophées en temps de guerre, qu’ils peuvent être ôtés de leur lieu de création en toute légalité ou bien spoliés, sinon volés, en période de conflit.

Les Cours du Collège de France
59 min

Après sa première série de cours intitulée,  " A qui appartient la beauté, Arts et cultures du monde dans nos musées », elle a proposé une  « Histoire transnationale des musées en Europe » dans la continuité de cette première approche en se concentrant sur les institutions, leur manière d’accueillir, d’intégrer les biens culturels, de les mettre à la disposition du public. En 2019, dans la série intitulée « 1815 : Année zéro. L'Europe à l'heure des restitutions d'œuvres d'art », elle s’attache aux discours, aux textes, aux pétitions, à la propagande, à l’expression des polyphonies européennes autour des débats sur les restitutions des œuvres, elle revient sur les représentations, quand elles existent des émotions de tristesse ou de joie, liées au départ ou au retour des objets d’art… Elle cite les textes, les gravures, les tableaux et même les archives radio avec une égale passion de partage et de faire comprendre les enjeux de la question des restitutions.

En ouverture de sa grande enquête, Bénédicte Savoy se demande pourquoi lier l’année 1815 à Cocteau et Aragon qui s’interrogent en 1957 sur le retour dans la Grande Galerie de Dresde des œuvres spoliées, pendant la Seconde guerre mondiale ?

Nous gagnons le Collège de France, le 22 février 2019, le cours de Bénédicte Savoy, aujourd’hui « Introduction »

Pour prolonger

Sa Leçon inaugurale a été publiée chez Fayard en 2014, sous le titre, Objets du désir, désir d’objets

Bénédicte Savoy a aussi publié Patrimoine annexé. Les biens culturels saisis par la France en Allemagne autour de 1800, aux Éd.de la maison des sciences de l’homme, en 2003.

Références musicales :

Générique de fin  : Yokota Susumu, "Flaming love and destiny", extrait de l'album Symbol (Lo Recording, 2004). 

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