L’expansion française et l'obsession des complots : épisode 3/13 du podcast Les provinces arabes de l'Empire ottoman à la fin du XIXe siècle

Le Kroumir qui hante les débats de la IIIe République, inspire les artistes en 1882 :  "Le Kroumir : galop pour piano" : op. 64 / par Alfred Baland ; ill. par G. Fuchs
Le Kroumir qui hante les débats de la IIIe République, inspire les artistes en 1882 :  "Le Kroumir : galop pour piano" : op. 64 / par Alfred Baland ; ill. par G. Fuchs - Gallica /G. Fuchs/Editeur J. Iochem
Le Kroumir qui hante les débats de la IIIe République, inspire les artistes en 1882 : "Le Kroumir : galop pour piano" : op. 64 / par Alfred Baland ; ill. par G. Fuchs - Gallica /G. Fuchs/Editeur J. Iochem
Le Kroumir qui hante les débats de la IIIe République, inspire les artistes en 1882 : "Le Kroumir : galop pour piano" : op. 64 / par Alfred Baland ; ill. par G. Fuchs - Gallica /G. Fuchs/Editeur J. Iochem
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Pourquoi les archives de la fin du XIXe siècles sont-elles remplies de complots dans le contexte des luttes impérialistes? Pourquoi les Kroumirs et la thèse d’une conspiration panislamiste contre les Français? Pourquoi le sultan et calife, Abdülhamid, use-t-il de l’Islam pour maintenir son autorité?

Avec
  • Henry Laurens Professeur au Collège de France, titulaire de la chaire d'Histoire contemporaine du monde arabe.

Pourquoi les Britanniques ne peuvent-ils qu’« aboyer sans pouvoir mordre » ? Pourquoi la dernière série de placards en avril 1881, à Khartoum, Bagdad, Beyrouth et même en Algérie est-elle clairement un « manifeste de la nation arabe » ?

Dans le cadre de sa série pluri-annuelle, consacrée aux provinces arabes de l'Empire ottoman, Henry Laurens, professeur au Collège de France, titulaire de la chaire « Histoire contemporaine du monde arabe », poursuit aujourd’hui son récit de l’affirmation d’un nationalisme arabe et d’un panislamisme, dans le monde de plus en plus interconnecté de la première mondialisation, en parallèle du développement des impérialismes anglais et français, au tournant des années 1880. Puis l’historien met l’accent sur la politique d’expansion française vers Tunis et vers l’extension de l’influence en Syrie, grâce notamment au réseau ferroviaire, faisant revivre les grands débats à l’Assemblée sous la IIIe République autour de l’empire colonial et de l’idée promise à un longue continuité « Maintenir le rang de la France », tandis que l’Empire Ottoman est confronté à de graves problèmes de finances.

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Dans son prochain livre, Les crises d'Orient, qu’il publie à la mi février chez Fayard, Henry Laurens résume ainsi la conquête tunisienne :

"Une somme d’incidents en Algérie et dans le Sahara permet de valider la thèse du complot islamique, en particulier les mouvements de la tribu des Kroumirs sur les confins algéro-tunisiens. Au nom d’une opération de police, les troupes françaises envahissent la Tunisie le 24 avril 1881 et le protectorat français est imposé par le traité du Bardo le 12 mai. Durant l’été, un soulèvement tunisien impose une véritable guerre de conquête qui va durer jusqu’en mai 1882."

Cette conquête suscite débats et craintes et va peser sur la suite.

Les Européens, les Ottomans…, tout le monde voit des complots partout, tandis que des placards marquent les débuts d’un nationalisme arabe. La dernière série d’avril 1881, signée par la Société de la Sauvegarde des droits de la Nation Arabe, proclame :

"Musulmans, vous êtes un peuple", "Vous chrétiens-Syriens, unissez-vous avec les musulmans !"

Henry Laurens note à cette étape que la "distinction entre Arabes et Turcs devient plus importante même si elle n’est pas encore politique".

Henry Laurens reprend son récit aujourd'hui avec le débat sur l'aventure coloniale en France et nous découvrons, en ouverture la figure de Jules Barthélemy Saint-Hilaire, ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Jules Ferry. Professeur au Collège de France, cet érudit, philosophe et helléniste, utilise dans ses écrits le terme d'Islam qui est courant en Grande Bretagne, mais rare en France.

Et nous gagnons l’amphithéâtre du Collège de France, le 23 novembre 2016, pour le cours d’Henry Laurens, "Les provinces arabes de l'Empire ottoman à la fin du XIXe siècle » : l’expansion française et les complots.

Pour prolonger :

Jules Barthélemy Saint-Hilaire
Jules Barthélemy Saint-Hilaire
- Wikicommons/BNF Gallica

Quelques ressources en ligne autour d'Henry Laurens, sa bibliographie au Collège de France, sa page auteur chez Fayard