La Chine, une civilisation anthropo-cosmique : épisode 1/9 du podcast Universalité, mondialité, cosmopolitisme - Chine, Japon, Inde (suite)

CONFUCIUS (c551-479 B.C.). Chinese philosopher. Gouache on paper, c1770. The Granger Collection.
CONFUCIUS (c551-479 B.C.). Chinese philosopher. Gouache on paper, c1770. The Granger Collection. - Wikicommons / Britannica
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CONFUCIUS (c551-479 B.C.). Chinese philosopher. Gouache on paper, c1770. The Granger Collection. - Wikicommons / Britannica
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Comment découvrir une Chine plus ouverte et cosmopolite ? Comment Confucius fonde-t-il un "vivre ensemble" et délivre-t-il un message humaniste, précieux dans le contexte actuel de montée des périls et de replis sur soi ? Comment peut se constituer une universalité à la chinoise ?

Avec
  • Anne Cheng sinologue, professeure au Collège de France, titulaire de la chaire "Histoire intellectuelle de la Chine"

A rebours des discours ambiants, ceux des médias et ceux des autorités chinoises, sur la Chine, « entité autosuffisante », « isolée et isolable », Anne Cheng, titulaire de la chaire «Histoire intellectuelle de la Chine», nous propose, selon ses mots, de « décentrer la Chine », de regarder au-delà de son poids économique et géopolitique, de questionner les empires antiques sur la longue durée et un « espace circulatoire plus large » où s’esquissent les interactions avec les grands voisins, l’Inde et le Japon. Il s’agit de « sonder et d’interroger », nous dit-elle, la "prétention chinoise à l’universalité". La série de cette année, que nous inaugurons aujourd'hui, fait suite à la série de cours de la saison 2015-2016 sous le même titre "Universalité, mondialité, cosmopolitisme - Chine, Japon, Inde".

Dans une interview, pour le Collège de France, en 2013, où elle explique comment et pourquoi, elle s’est longtemps consacrée à Confucius, de ses premières traductions en français à sa série pluriannuelle au Collège de France autour de cette figure essentielle chinoise, Anne Cheng rappelle aussi les nécessités du travail critique - au sens d’examen, et pourquoi, elle tient à son rôle « d’anti-mythes », selon son expression. Cette ancienne normalienne ne perd jamais une occasion de corriger les clichés tenaces sur la Chine, qui demeure mal connue malgré son rôle prépondérant actuel.

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Anne Cheng renoue donc le fil, ce matin, avec la notion de « continuisme » en Chine, avec l’interrogation de la vision confucéenne du monde et ses origines ancrées dans le ritualisme (le culte des ancêtres et la piété filiale notamment). Elle nous présente une civilisation chinoise antique sous-tendue par une « conception anthropo-cosmique ». Dans une interview donnée au Monde en 2016, elle en rappelait les termes :

"On attribue au Confucius des Entretiens, le souci de privilégier l’intérêt pour la communauté humaine d’ici et maintenant sur ce qui se passe après la mort ou chez les dieux. (…)Le rite (Li) est précisément ce qui assure cette continuité entre monde humain et divin. Ces rituels offerts aux divinités ou aux ancêtres peuvent inclure la manière de se comporter vis-à-vis des autres. Confucius aurait prescrit de se comporter envers autrui comme envers un hôte de marque (…). On doit avoir conscience d’avoir à faire avec quelque chose de sacré quand on entre en relation avec une personne dans la mesure où elle peut être un futur ancêtre, un maître, etc. (…) Confucius a été porteur d’un projet, souligne-t-elle encore, qui visait à donner aux humains les moyens de continuer à vivre ensemble et, si possible, de mieux en mieux. C’est ce qui a porté la civilisation chinoise si longtemps, malgré tous les cataclysmes de son histoire. Une continuité qui, bien que dénigrée par la modernité occidentale commençante, révèle désormais certaines vertus, quand elle ne sombre pas dans le conservatisme."

Et pour découvrir cette continuité, nous gagnons l’amphithéâtre du Collège de France, le 1er décembre 2016, pour le cours d’Anne Cheng , "Universalité, mondialité, cosmopolitisme - Chine, Japon, Inde », aujourd’hui « une civilisation anthropo-cosmique ».

Pour prolonger :

Anne Cheng, "Nuit des idées. Et si la Chine se souvenait du ciel ?", Le Monde, 24 janvier 2017.

Entretien au Collège de France qui présente le cours de cette année et ci-après "Pourquoi Confucius"

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Anne Cheng est notamment l'auteure d'une traduction des Entretiens de Confucius au Seuil, dans la collection «Points Sagesses», en 1981 (nouvelle édition en 2014). Elle a publié Histoire de la pensée chinoise, en « Points » Seuil en 2014 et elle a dirigé, Lectures et usages de la Grande Etude, en 2015, pour l’Institut des hautes études chinoises, à Paris.

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