La place du sanctuaire de Nanna dans la vie économique et juridique d’Ur : épisode 5/10 du podcast La ville d'Ur à l'époque paléo-babylonienne

Frise de bovidés, temple de Tell Obeid (University Museum, Philadelphie)
Frise de bovidés, temple de Tell Obeid (University Museum, Philadelphie) - Dominique Charpin/Collège de France
Frise de bovidés, temple de Tell Obeid (University Museum, Philadelphie) - Dominique Charpin/Collège de France
Frise de bovidés, temple de Tell Obeid (University Museum, Philadelphie) - Dominique Charpin/Collège de France
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Comment le taureau est-il l’animal attribut du dieu-Lune, Nanna-Sin et quel était le rapport de ce dieu avec la justice ? Quelle est l’importance du temple de Nanna dans la vie économique et juridique de la ville d’Ur, en Mésopotamie ? S’interroge aujourd’hui l’assyriologue Dominique Charpin.

Avec
  • Dominique Charpin Assyriologue, professeur au Collège de France, titulaire de la chaire "Civilisation mésopotamienne"

Que dit l’archéologie du Ganunmah, bâtiment lié à la vie économique du sanctuaire du Dieu-Lune, le dieu Nanna et que pouvons-nous connaître de l’énigmatique bâtiment le dublamah ?

Dominique Charpin, titulaire de la chaire « Civilisation mésopotamienne », nous entraîne entre archéologie, épigraphie et histoire à la redécouverte de « La ville d'Ur à l'époque paléo-babylonienne », entre 2004 et 1595 av. J.-C. 

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Dans le cours précédent, l’assyriologue nous a introduit « au sanctuaire voué au Dieu Nanna ». « Cette divinité principale d’Ur était le dieu-Lune, nommé Nanna en sumérien et Sin en akkadien ». Dominique Charpin avait indiqué : 

« Ni la Babylonie, ni l'Assyrie n'ont eu leur Pausanias : nous ne possédons aucune description vivante et tant soit peu complète d'un sanctuaire mésopotamien, à quelque époque que ce soit. Il est pourtant possible de préciser l'image des temples, en essayant de mettre en relation les diverses données textuelles dont on dispose avec les vestiges architecturaux dégagés lors des fouilles. »

Aujourd’hui, le chercheur-enseignant s’interroge « comment doit-on considérer le Ganunmah », ce bâtiment lié au sanctuaire de Nanna? « Pour nous, note-t-il, c’est clairement un bâtiment de nature profane, mais pas pour les mésopotamiens ». Le cours précédent nous a introduit à la cuisine du sanctuaire, entre aspect pratique et rituel. L’assyriologue fait remarquer aujourd’hui : 

« on retrouve ici plus ou moins la même  problématique que pour la cuisine : s’occuper des denrées destinées aux offrandes des dieux, c’est déjà un travail qui relève du sacré… » 

En dernière partie de cours, Dominique Charpin interroge un autre bâtiment, le Dublamah qui « jouait un rôle particulier en matière de justice ». « C’est là notamment que les parties d’un procès étaient amenées à prêter serment », rappelle-t-il.

 Le Dublamah, bâtiment où étaient prêtés les serments
Le Dublamah, bâtiment où étaient prêtés les serments
- Dominique Charpin/Collège de France

La vie du sanctuaire de Nanna est foisonnante et parfois les archives qui nous éclairent sur son très  lointain passé sont des tablettes comptables qui ont fini comme remblai d’un autre bâtiment et que les archéologues ont fait ressurgir… Magie et richesse de la recherche !

Alors que nous apprennent les inscriptions commémoratives et les archives abordant redevances, troupeaux, greniers… sur la vie du Ganunmah ? Comment se côtoient objets précieux et denrées destinées aux offrandes dans ce lieu ? Pourquoi ce bâtiment a-t-il deux noms et comment pourrait intervenir un contresens vieux de 2500 ans ? 

Nous gagnons l’amphithéâtre du Collège de France, le 23 mai 2018,  pour le cours de Dominique Charpin, intitulé " La ville d'Ur à l'époque paléo-babylonienne", aujourd’hui  "L a place du sanctuaire de Nanna dans la vie économique et juridique d’Ur