Pourquoi "rejeter le témoignage des yeux et des oreilles"? Pourquoi l’orthodoxie de l’invraisemblable? Pourquoi 4 Evangiles? Quelle est la révolution narrative du christianisme et son rapport au pouvoir médiéval? Quel rôle joue la métaphore eucharistique de l’Incarnation ?
- Patrick Boucheron Historien, professeur au Collège de France, titulaire de la Chaire d’histoire des pouvoirs en Europe occidentale (XIIIe-XVIe siècle)
Patrick Boucheron, titulaire de la chaire « Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIᵉ-XVIᵉ siècle, nous entraîne cette semaine dans une grande enquête autour des fictions politiques, du mythe d’Adam à la relecture actuelle du roman de George Orwell, 1984 dans l’Amérique post-vérité de Trump.
Il interroge notamment la révolution narrative du christianisme. Le retour sur le récit "sans gloire" de la chute d’un "homme sans qualité", Adam, qui exerce cependant un dominium sur les animaux et qui peut nommer les choses, a permis de poser hier la question du lien entre la politique et ce mythe. C’est le péché originel qui instaure une séparation entre la cité de Dieu et la cité terrestre. Il y a une origine honteuse de tout pouvoir. On l’exerce, dit Patrick Boucheron, « on le subit, on l’accepte malgré tout, faute de mieux ». L’homme était un animal politique avant la Chute. Cela posé comment le procès d’Adam préfigure-t-il celui de Jésus ? Pourquoi l’hypothèse de la société eucharistique ? Pourquoi la « "révolution normative du christianisme" ? Si les récits peuvent être « divergents », ils trouvent néanmoins "leur point de convergence dans l’accomplissement d’un rituel : le mystère eucharistique ». Dès lors qu’est-ce que l’on voit et qu’est-ce que l’on croit ?
Dans se leçon inaugurale le 17 décembre 2015, Patrick Boucheron rappelle :
"la « Réforme grégorienne n’est pas seulement un fait d’histoire religieuse concernant la défense des biens matériels et des prérogatives spirituelles de l’Eglise, mais un réagencement global de tous les pouvoirs, un ordonnancement du monde autour du dominium ecclésiastique. L’ensemble repose sur une nouvelle doctrine sacramentelle qui solde la querelle eucharistique dans un sens réaliste : c’est bien désormais l’efficace du sacrement (sa mise en œuvre par les clercs, sa réception par les laïcs) qui fonde l’appartenance à l’ecclesia. » « Il faut donc entendre par ecclesia, précise-t-il encore, non seulement l’Eglise, mais sa capacité à s’imposer comme une institution totale. Elle fait du christianisme non pas une religion mais une structure anthropologique englobante et du gouvernement de l’Eglise une réalité co-extensive à la société tout entière".
Un "imaginaire profond de la manducation" s’impose. On prend le corps du Christ. Dès lors tout notre système politique va se fonder sur la métaphore eucharistique de l’Incarnation. Du songe prophétique de Louis VII à la naissance du futur Philippe Auguste, comment intervient l’imaginaire eucharistique dans un épisode royal ? Quelles en sont les implications politiques ? Comment l’imaginaire chrétien s’ensanglante-t-il ?
Et nous gagnons l’amphithéâtre du Collège de France, le 31 janvier 2017 et le 7 février pour le cours de Patrick Boucheron, Fictions politiques, aujourd’hui « la société eucharistique ».
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