Sur quels chemins complexes s’engagent universitaires et chercheurs, du front de sable à celui des tranchées? Face aux enjeux de la guerre, Henry Laurens montre comment s’organise le renseignement au Moyen Orient et Marc Fontecave analyse une recherche scientifique engagée dans le conflit chimique.
- Marc Fontecave professeur au Collège de France, chaire de Chimie des processus biologiques.
- Henry Laurens Professeur au Collège de France, titulaire de la chaire d'Histoire contemporaine du monde arabe.
Comment les universitaires-experts ont-ils été mobilisés avec la Première guerre mondiale?
Comment est-on "passé d’un entrelacs de relations informelles entre voyageurs, orientalistes et archéologues à une institutionnalisation de leurs fonctions dans le cadre d’une mobilisation générale de toutes les compétences" ? demande, Henry Laurens, titulaire de la chaire d'Histoire contemporaine du monde arabe.
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De l’acroléine, développée par Charles Moureu pour la guerre chimique de 1914, substance "entachée du sang des soldats asphyxiés", aux antioxydants, "découverte majeure", quel est le "paradoxe de la science et de ce qu’en font les hommes" ? demande Marc Fontecave, professeur au Collège de France, titulaire de la chaire de Chimie des processus biologiques.
Depuis hier, nous vous proposons de larges extraits du colloque donné à l’automne 2014, sous le titre, "Autour de 1914-1918 : nouvelles figures de la pensée, Sciences, arts et lettres". Dans cette perspective, le Collège de France a invité ses professeurs et différents chercheurs dans une approche interdisciplinaire sur la question des répercussions sur le long terme de la Première guerre mondiale.L’historien Henry Laurens revient en première partie, sur le grand jeu de la question d’Orient et sur l’émergence, accélérée par la guerre, de l’expertise moderne en matière de politique envers l’Islam, d’Alfred Le Châtelier au mythique Lawrence, en passant par Louis Massignon et Gertrude Bell mais aussi les figures politiques d’Aloïs Musil et de Max von Oppenheim… Le chimiste-biologiste, Marc Fontecave s’attache pour sa part, en deuxième partie, au parcours en clair-obscure de Charles Moureu, professeur au Collège de France engagé et déchiré dans la guerre chimique, mais aussi au service d’une mise en valeur de la recherche scientifique et de ses moyens, dans le contexte de rivalités des grandes puissances, aux côtés d’un Barrès qui s’attaque à la misère matérielle des laboratoires français. Et ce n’est pas le moindre des paradoxes de cette histoire complexe. Et nous gagnons le Collège de France, le 16 octobre 2014, Henry Laurens s'attache aux "Orientalistes : aventuriers, experts et diplomates", tandis que Marc Fontecave interroge l'itinéraire de "Charles Moureu : du Collège de France aux gaz de combat".
Pour prolonger :
- Les actes du colloque, Autour de 1914, nouvelles figures de la pensée : sciences, arts, lettres, ont été publiés sous la direction d’Antoine Compagnon, chez Odile Jacob en 2015.
- Henry Laurens a publié Les crises d'Orient : question d'Orient et Grand Jeu (1768-1914) publié chez Fayard en 2017
- La Leçon inaugurale de Marc Fontecave a été publiée chez le même éditeur sous le titre, Chimie des processus biologiques : une introduction en 2009.
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