Le langage, la logique et la philosophie : épisode 6/8 du podcast Autour de 1914, nouvelles figures de la pensée : sciences, arts, lettres

Extrait de l'article d'André Beaunier, publié dans Le Figaro. Supplément littéraire du dimanche, 27 avril 1912 et portrait du philosophe Louis Couturat avant 1914
Extrait de l'article d'André Beaunier, publié dans Le Figaro. Supplément littéraire du dimanche, 27 avril 1912 et portrait du philosophe Louis Couturat avant 1914 - Gallica BNF / Wikicommons
Extrait de l'article d'André Beaunier, publié dans Le Figaro. Supplément littéraire du dimanche, 27 avril 1912 et portrait du philosophe Louis Couturat avant 1914 - Gallica BNF / Wikicommons
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Pourquoi la quête d’une langue universelle et celle d’une langue logique ? Pourquoi créer une langue internationale neutre à la fin du XIXe siècle ? Le philosophe Jacques Bouveresse revient sur les travaux de Lazare Zamenhof, créateur de l’espéranto et du philosophe Louis Couturat.

Avec
  • Jacques Bouveresse Professeur honoraire au Collège de France, chaire de Philosophie du langage et de la connaissance (1995-2010), il a publié de nombreux ouvrages de philosophie du langage et de la connaissance, mais aussi sur des écrivains comme Musil et Kraus.

Non ce n’est pas un cours d’espéranto, tel celui de Pierre Delaire en 1949 pour la Radio française (Archive Ina) que nous vous proposons ce matin, mais une réflexion plus générale, au moment où les espoirs d’une concorde portée par une langue commune artificielle et simple se heurtent aux nationalismes et au Premier conflit mondial. 

"Pourquoi rapprocher les pacifiste, Lazare Zamenhof, créateur de l’espéranto du philosophe Louis Couturat, dont l’intérêt pour l’idée d’une langue internationale allait de pair chez lui avec une attitude résolument anti-impérialiste et antinationaliste" ? Demande le philosophe Jacques Bouveresse, professeur honoraire au Collège de France, titulaire de la chaire philosophie du langage et de la connaissance. 

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Nous retrouvons cette semaine, la suite colloque de la rentrée 2014, intitulé « Autour de 1914-1918 : nouvelles figures de la pensée, Sciences, arts et lettres ». Dans cette perspective, le Collège de France a invité ses professeurs et différents chercheurs dans une approche interdisciplinaire sur la question des répercussions sur le long terme de la Première guerre mondiale. Avant d’aborder l’inconscient demain et les enjeux du conflit dans les sociétés françaises et allemandes, de l'amour bouleversé par la guerre à la question du chef, Jacques Bouveresse questionne les arguments en faveur d’une langue construite et les critiques dans un contexte nationaliste. Parmi les farouches adversaires, de l’espéranto, le philosophe cite Hitler et c’est tout un contexte particulier qui émerge autour des questions des linguistes et des philosophes. Quel rapports entre la logique moderne et la quête d’une langue universelle? Pourquoi le refus de l’anglais ou du latin comme langue universelle à la Belle époque ? 

Si Jacques Bouveresse note la distance qui nous sépare de ce temps d’espoir avant le grand cataclysme de la guerre, force est de constater que certaines questions, certains préjugés ou attentes perdurent un siècle plus tard. 

L’historienne, Anne Rasmussen, analysant pour le magazine L’Histoire, le désir d’une communication universelle fin XIXe siècle, rattrapé par l’enjeu d’intérêts nationaux rappelait :

"L’abbé Yoann Martin Schleyer, créateur du volapük et Lazare Zamenhof avaient été tourmenté dans leur patrie par le multilinguisme", "ces deux figures de pères fondateurs et leur créations linguistiques sont devenus immédiatement mythiques dans la geste des langues internationales et ne cessèrent de susciter des résonances d’une tenace légende noire, le général De Gaulle n’a-t-il pas ironisé à leurs dépens dans une célèbre conférence de presse en 1962, jusqu’à la postérité incertaine de l’espéranto qui rassemble toujours aujourd’hui des adeptes à travers le monde".  

L’historienne soulignait également :

"cherchant à remédier à l’arbitraire du volapük, l’espéranto été la première tentative réussie de large réutilisation des langues européennes à partir de la matrice latine commune. Son créateur a misé sur la simplicité d’une grammaire réduite à quelques règles élémentaires, excluant l’exception, et sur la richesse d’un vocabulaire formé par dérivation d’un minimum de racines, exploitant les résultats d’un demi-siècle de recherche en grammaire comparée."

Jacques Bouveresse montre tout l’intérêt de Louis Couturat pour les linguistes, tandis que la dernière partie de l’exposé questionne la contribution initiale d’un Leibniz « aux deux problèmes de l’élaboration d’une langue logique et de la construction d’une langue internationale". Pourquoi la controverse entre le philosophe Louis Couturat et le mathématicien Henri Poincaré ?

Et nous gagnons l’amphithéâtre du Collège de France, le 16 octobre 2014, avec Jacques Bouveresse pour sa contribution intitulée,  "Le langage, la logique et la philosophie" .

Archives INA

  • Pastille en fin de générique extrait de la 6e leçon d'espéranto, par l'écrivain espérantiste, Pierre Delaire avec Simone, émission radiophonique du 14 juin 1949
  • Extrait du magazine radiophonique la Tribune de Paris le 29 nov 1946 : Après la Seconde guerre mondiale, sous l'égide de l'UNESCO, se multiplient les organismes de liaison et de rapprochement entre les peuples. Les possibilités d’une langue internationale, comme l’espéranto, sont à nouveau questionnées. Georges WARNIER, président du 24ème Congrès universel d'espéranto, revient sur le contexte de création de cette langue artificielle en 1887, alors que les relations internationales étaient moins intenses qu'au XXe siècle. Il dialogue avec Fernand MOSSE, professeur de langue qui rappelle qu'à cette période, peu de gens parlaient des langues étrangères.
  • Extrait de l'émission quotidienne en espéranto, La pentecôte en chansons, le 5 mai 1949, où figure « Mai » de Reynaldo Hahn
  • La version française de cette chanson est interprétée par Mady Mesplé.

Pour prolonger

Les actes du colloque, "Autour de 1914-1918 : nouvelles figures de la pensée, Sciences, arts et lettres », ont été publiés sous la direction d’Antoine Compagnon, chez Odile Jacob en 2015.

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_Le mythe moderne du progrès : à partir des critiques de Karl Kraus, Robert Musil, George Orwell, Ludwig Wittgenstein et Georg Henrik von Wright,_décortiqué et démonté par le philosophe Jacques Bouveresse, Agone éditeur, 2017

En 2017 également, il a publié pour les Editions électroniques du Collège e France, L’histoire de la philosophie, l’histoire des sciences et la philosophie de l’histoire de la philosophie et en 2013, Etudes de philosophie du langage.

- De la philosophie considérée comme un sport chez Agone en 2015

Un grand merci aux équipes de l'INA et à celles de la Documentation d’actualité.