Pourquoi le monumental et spectaculaire tableau de Véronèse, "Les Noces de Cana", est-il resté à Paris en 1815? Bénédicte Savoy se penche sur les œuvres non rendues, au moment du démantèlement du Louvre par les alliés et de la restitution des œuvres spoliées dans toute l'Europe par les Français.
- Bénédicte Savoy Historienne de l’art à l'université technique de Berlin, elle est l'auteur avec Felwine Sarr du rapport sur la restitution du patrimoine culturel africain.
Comment les musées de province se sont-ils nourris du "superflus impérial" (l'expression est de Dominique Vivant Denon, le père du Louvre) et ont-ils pu contourner la restitution des objets d'art saisis? Quel est le regard des historiographies européennes sur ce grand moment de retour ou de non retour des œuvres ?
Bénédicte Savoy, Titulaire de la chaire internationale « Histoire culturelle des patrimoines artistiques en Europe, XVIIIe-XXe siècle », au Collège de France et Professeur à l’Université technique de Berlin analyse le phénomène des translocations d’œuvres d’art autour de 1815, quand, le Musée Napoléon, futur musée du Louvre, a dû restituer les chefs d’œuvre qu’il avait conquis, à partir des guerres révolutionnaires. Sa série intitulée " 1815 : Année zéro. L'Europe à l'heure des restitutions d'œuvres d'art" nous fait revivre les débats qui ont agité les villes et les pays européens, mais aussi la France autour des œuvres à restituer, alors que 20 ans se sont parfois écoulés depuis le départ de ces objets d’art et que leur valeur a pu se modifier dans un paysage géopolitique fortement bouleversé en 1815.
Au terme de sa série de cours, Bénédicte Savoy se demande aujourd’hui pourquoi certaines œuvres saisies en Italie ou dans l'espace germanique, pendant les guerres de la Révolution française et de l'Empire napoléonien n'ont pas été restituées? Quelles ont été les tactiques d’échanges de Dominique Vivant Denon pour contourner le retour des œuvres ? Comment les Italiens ont-ils pu « abandonner » des tableaux qu’ils jugeaient alors de moindre valeur quand Denon, précurseur, y tenait beaucoup ? Quels sont les types d'œuvres qui sont restées à Paris, malgré le démantèlement du Louvre par les alliés de 1815?
Bénédicte Savoy questionne également les enjeux d'historiographie asymétrique. Bien des années après les événements, voire un siècle plus tard : quel est le regard sur les spoliations dans les différents États européens touchés par la politique d'appropriation agressive de la France révolutionnaire et napoléonienne? Comment la France elle même regarde-t-elle les saisies impériales qui ont contribué à nourrir le Louvre et la création des musées en province?Comment juge-t-elle le démembrement du Musée Napoléon de 1815?
En 2015, la mémoire du moment 1815 est encore vive en Europe. Bénédicte Savoy ouvre son dernier cours avec un article d' El Correo en date du 31 mai 2015, qui revient sur ce temps où Autrichiens, Italiens, Allemands, Espagnols... se sont rendus au Louvre pour tenter de retrouver et de rapporter chez eux, les œuvres spoliées. Parmi, ces hommes figurait le Général Alava, mis en scène de manière épique au XXI siècle par l'artiste Mikel Olazabal dans un monumental tableau très réaliste que commente Bénédicte Savoy.
Bénédicte Savoy explique :
"Après un petit moment de silence, ce sont les historiens, les bibliothécaires, les historiens de l'art à partir des années 1820, 1830, 1840 qui vont commencer à s'intéresser beaucoup au sujet des saisies des années 1800 et des possibles non-restituions d’œuvres d’art des années 1815 ?"
Nous gagnons le Collège de France, le 19 avril 2019 pour le cours de Bénédicte Savoy, aujourd’hui «Le non retour des oeuvres »
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