Le Palais de la Lumière : épisode 3/9 du podcast Universalité, mondialité, cosmopolitisme - Chine, Japon, Inde (suite)

Représentation tardive des 9 salles du Ming Tang, le palais de la Lumière(s) - image extraite du Cours d'Anne Cheng, le 15 décembre
Représentation tardive des 9 salles du Ming Tang, le palais de la Lumière(s) - image extraite du Cours d'Anne Cheng, le 15 décembre - Collège de France
Représentation tardive des 9 salles du Ming Tang, le palais de la Lumière(s) - image extraite du Cours d'Anne Cheng, le 15 décembre - Collège de France
Représentation tardive des 9 salles du Ming Tang, le palais de la Lumière(s) - image extraite du Cours d'Anne Cheng, le 15 décembre - Collège de France
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Comment fonctionne le palais de la Lumière, des Lumières? Le Ming Tang, désigné aussi comme la Maison du Calendrier? Comment cet édifice symbolique au plan cosmologique participe-t-il à l’harmonisation universelle, entre le monde céleste & le monde terrestre et au rayonnement du souverain en Chine?

Avec
  • Anne Cheng Sinologue, titulaire de la chaire « Histoire intellectuelle de la Chine » au Collège de France.

Qu’est-ce qui se joue dans la spatialisation chinoise ? Quelle recherche de la symétrie et de la stabilité ?

Nous retrouvons aujourdhui, Anne Cheng, titulaire de la chaire «Histoire intellectuelle de la Chine» et son interrogation de « l’universalité », une universalité comprise, comme « tout ce qui est sous le ciel » et de la centralité, « les pays du milieu », dans la Chine ancienne.

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La sinologue, spécialiste de Confucius, nous entraîne dans une réflexion pluri-annuelle dans le cadre de sa série intitulée " Universalité, mondialité, cosmopolitisme - Chine, Japon, Inde ».

Dans le cours d'aujourd'hui et le suivant, elle questionne la conception chinoise de l’espace comme "hyperstabilité ". Nous découvrons la place du carré, forme très stable, déclinée en grille, quadrillage et jusqu’au plan du Palais de la Lumière, le Ming Tang et nous rencontrons la figure d’un souverain mythique et fondateur d’un ordre spatial, Yu le grand, qui a dompté les eaux, permis l’agriculture et qui a délimité les « 9 régions », les 9 »provinces ». Qu’est-ce qui est en jeu entre le Ciel, la Terre et l’Homme ? Nous entrons dans tout un ordre symbolique.

Dans son ouvrage, Histoire de la pensée chinoise, publié au Seuil en 1997, pour sa première édition, Anne Cheng rappelle en introduction la réflexion chinoise sur la relation et le rôle du « souffle » « le qi », défini comme « influx ou énergie vitale qui anime l’univers entier ». Elle souligne :

"Confucius commence par situer notre humanité dans la relation qui nous unit du fait que nous vivons ensemble".

"Les couples d'opposés complémentaires qui structurent la vision chinoise du monde et de la société (Yin/yang, ciel /terre, vide /plein, père /fils, souverain /ministre…) déterminent une forme de pensée, non pas dualiste (…), explique-t-elle encore, mais ternaire en ce qu'elle intègre la circulation du souffle qui relie les deux termes. Dans son mouvement tournant et spiralé, il indique un centre qui, bien que jamais localisable et fixé d'avance, n'en est pas moins réel et constant".

Elle poursuit son évocation de la centralité ainsi :

"En évoquant l'interaction et le devenir réciproque que le rapport implique, le couple Ciel-Terre ne se borne pas à la simple addition de deux termes, il génère le troisième terme implicite qu’est la relation organique, vivante et créatrice, qui les constitue. Ce troisième terme, explicité par la spéculation cosmologique n'est autre que l'homme qui, par sa participation active, parachève l'œuvre cosmique. C'est à travers lui et ce qui le relie à l'univers que les penseurs chinois ont axé leur réflexion sur la réalité de "ce qui naît entre" et sur ce qu'elle implique en terme de comportement moral : tel est le sens de la notion de Milieu", conclut Anne Cheng.

De l’organisation spatiale au rayonnement de la vertu, nous retrouvons le Ming Tang, comme palais du bon gouvernement et Anne Cheng nous présente les différentes lectures de sinologues illustres, comme Henri Maspero ou Marcel Granet…

Et nous gagnons l’amphithéâtre du Collège de France, le 15 décembre 2016, le cours d’Anne Cheng , "Universalité, mondialité, cosmopolitisme - Chine, Japon, Inde », aujourd’hui « le palais de la Lumière »