Comment la question des migrations a-t-elle toujours représenté un défi pour les études démographiques? Pourquoi le vocabulaire de l’immigration est-il problématique? demande le démographe-sociologue François Héran. Quelle est la définition des exilés?
- François Héran Sociologue et professeur au collège de France
Comment les termes changent-ils de valeur d’une époque à l’autre, comme la catégorie juridique de l’étranger ? Quelles sont les dérivés modernes et vernaculaires du verbe latin « migrare »? Quel a été à partir de la Libération le chassé-croisé entre le terme « émigré » et « immigré » ? Quelle est la place du mot migrant et le rôle des charbonnages? Quel fut le sort des travailleurs Polonais, conviés puis renvoyés chez eux?
François Héran, titulaire de la nouvelle chaire « Migrations et sociétés » et directeur de Institut Convergences Migrations, nous propose à la suite de sa leçon inaugurale, où il a présenté les enjeux et les paradoxes de la question des migrations, de nous introduire à son étude, de nous faire entrer dans sa laboratoire pluridisciplinaire, "à la croisée de l’anthropologie, des statistiques, de l’histoire, du juridique, de l’économique et du politique", dans une approche résolument comparative et internationale.
Dans la présentation de cette nouvelle chaire, François Héran rappelle :
"Les formes extraordinaires de la migration, comme la grande vague de réfugiés arrivant en Europe depuis l’été 2015, ne doivent pas nous faire oublier l’ordinaire des migrations. Une des manières de clarifier certaines questions est d’abord de distinguer ces deux formes : d’un côté, l’accueil d’urgence liée à l’aggravation brusque des conflits ; de l’autre, la délivrance régulière de titres de séjour au titre des droits autres que le droit d’asile. En France par exemple, les préfectures délivrent quelque 200 000 titres de séjour par an à des migrants non européens, dont beaucoup en application de conventions internationales signées en toute souveraineté par la France (droit d’épouser qui l’on souhaite, de vivre en famille, d’être scolarisé en France même si les parents sont en situation illégale…). La comparaison européenne montre qu’un pays comme la France privilégie la migration ordinaire au détriment de la migration extraordinaire, alors que l’Allemagne et les pays nordiques tendent à faire l’inverse en se mobilisant pour accueillir d’urgence les réfugiés. Les pays anciennement communistes, pour leur part, ne pratiquent ni l’une ni l’autre".
Aujourd’hui, l’agrégé de philosophie, longtemps démographe-statisticien-sociologue à l’INSEE et l'INED, nous entraîne dans une histoire critique du vocabulaire de l’immigration. Mais d’abord, il interroge à la fois le renouveau de la question migratoire et « l’art paradoxal du démographe ».
Et nous gagnons le Collège de France, le 1er juin 2018, pour le cours de François Héran, aujourd’hui « Le savant, le politique et le populaire : quel vocabulaire pour les migrations ? » (1re partie)
Pour prolonger :
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François Héran a publié _Le temps des immigrés__. Essai sur le destin de la population française,_ au Seuil en 2007, et plus récemment à La Découverte, en 2017, l’essai intitulé « Avec l’immigration, Mesurer, débattre, agir.
Un grand merci au photographe Matthieu Chazal dont les prises de vue, sur la route des migrants dans la région méditerranéenne, accompagnent la présentation des cours de François Héran.
Matthieu Chazal expose ses photos, " Mossoul, après les combats : chroniques du Nord de l’Irak" dans le cadre de la 19e édition de BarrObjectif.
Références musicales par Laure-Hélène Planchet :
- « Nomadism », Volosi, album « Nomadism ».
- « Grey hour szara godzina », Volosi, album « Nomadism ».
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