Le spectre du communautarisme suite (12/15) : épisode 27/15 du podcast Intégration : constats et débats

Les quartiers de Chinatown et de Little Italy à New York se jouxtent et se croisent au carrefour de Canal et Mulberry streets.
Les quartiers de Chinatown et de Little Italy à New York se jouxtent et se croisent au carrefour de Canal et Mulberry streets. ©Getty - Michael Lee via Getty Images
Les quartiers de Chinatown et de Little Italy à New York se jouxtent et se croisent au carrefour de Canal et Mulberry streets. ©Getty - Michael Lee via Getty Images
Les quartiers de Chinatown et de Little Italy à New York se jouxtent et se croisent au carrefour de Canal et Mulberry streets. ©Getty - Michael Lee via Getty Images
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Qu’est-ce qui est en jeu derrière les notions de communautarisme et de séparatisme ? s’interroge encore aujourd’hui le sociologue-démographe François Héran. Jusqu’où vaut l’idée d’un communautarisme général ? Quels liens existe-t-il entre le communautarisme, l’Islam et le radicalisme ?

Avec

Nouvelle diffusion du 9/09/2020

François Héran, titulaire de la chaire « Migrations et société », se partage entre le Collège de France et l’animation de l’ Institut Convergences Migrations. En 2020, il a été nommé président du Conseil d’orientation de l’Établissement public du Palais de la Porte Dorée.
Paul André Rosental dans l’article qu’il consacre à François Héran dans l’_Encyclopaedia Universalis_revient sur son élection au Collège de France qui a consacré selon lui "le primat de l’enquête comme outil privilégié des sciences sociales empiriques" :

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"D’un point de vue disciplinaire, poursuit-il cette élection signe la fin de la crise traversée par les sciences de la population à la fin du XXe siècle, à l’heure où elles se réorientaient d’un outil placé au service du natalisme d’État à une objectivation des projets individuels et des droits sur lesquels ils s’appuient. De cette mue également, François Héran fut un acteur majeur, en venant diriger et reformater l’INED à un moment où son existence même était remise en cause sous l’effet de polémiques médiatiques sur ses liens supposés avec l’extrême droite.Entre démographie (Alfred Sauvy) et migrations (Robert Montagne), sociologie (Maurice Halbwachs) et histoire (Louis Chevalier, Emmanuel Le Roy Ladurie), le Collège de France avait continûment consacré une chaire à l’étude scientifique de la population depuis la Libération. Le fait qu’elle soit confiée à François Héran après deux décennies de suspension, et réorientée vers le sujet des migrations, doit être compris comme la volonté, pour les sciences sociales, d’affirmer leur autonomie face à une question politiquement brûlante en France et en Europe."

Dans le cadre de sa série intitulée « Intégration : constats et débats », le sociologue démographe propose de revenir sur les difficultés que soulève le traitement d'une thématique comme l'intégration des immigrants. Il analyse comment en France, on a "tendance à remplacer le constat par le débat", comment l’intégration peut diviser les chercheurs tout en étant une notion omniprésente dans l’opinion publique.

Il revient aujourd’hui sur l’important débat autour des sources du radicalisme.
Dans la perspective de sa série sur l'intégration au Collège de France, François Héran a été auditionné en mars 202O au Sénat dans le cadre d'une commission sur la radicalisation islamise. Le compte-rendu reprend des analyses et des rappels historiques qui figurent dans le cours d'hier et dans celui d'aujourd'hui.

Autour des notions de communauté et de communautarisme, François Héran rappelle :
"Dans le premier temps de l'accueil, selon une vieille théorie sociologique américaine qui reste valable, les nouveaux venus ont une tendance très marquée à s'établir auprès de la diaspora déjà présente. La diaspora contribue à alléger le coût de l'insertion et notamment celui de l'obtention de l'information - sur le logement, l'emploi. En France, le logement social contribue à créer des concentrations géographiques dommageables à l'intégration. L'accueil communautaire est donc premier. Je rappelle qu'aux États-Unis, le terme community désigne la population ordinaire d'un lieu, alors que la France a rejeté la notion de communauté depuis la Révolution française. Quand je travaillais à l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), les communautés désignaient les personnes vivant en communauté : communautés religieuses, casernes, etc."

"Comment s'émancipe-t-on ensuite de sa communauté ? demande François Héran. L'État, le tissu associatif, les élus locaux, les collectivités, ont un rôle à jouer. Il faut laisser le choix aux gens : certains ont besoin de garder un lien avec leur nationalité d'origine - René Cassin évoque à cet égard des populations qui vivent loyalement en France tout en conservant un lien avec leur pays d'origine -, d'autres veulent s'assimiler - même si cela n'est pas toujours facile, car on les renvoie sans cesse à leurs origines."

Le cours d'aujourd'hui aborde les phénomènes de radicalisation. François Héran explique :

"La désintégration est un phénomène complexe et difficile à approcher, pour lequel Gilles Kepel, Olivier Roy et François Burgat nous proposent trois systèmes d'explication possibles."

Nous gagnons le Collège de France, le 21 février 2020 pour la série de François Héran, aujourd’hui le spectre du communautarisme suite

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