Les collectifs encastrés, Makú et Peuls Wodaaabe : épisode 5/10 du podcast Les usages de la terre. Cosmopolitiques de la territorialité

Anaconda jaune en 2004 / Un zébu à Wukro en Éthiopie en 2012
Anaconda jaune en 2004 / Un zébu à Wukro en Éthiopie en 2012 - Wikicommons/Patrick Jean/ Bernard Gagnon
Anaconda jaune en 2004 / Un zébu à Wukro en Éthiopie en 2012 - Wikicommons/Patrick Jean/ Bernard Gagnon
Anaconda jaune en 2004 / Un zébu à Wukro en Éthiopie en 2012 - Wikicommons/Patrick Jean/ Bernard Gagnon
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Pourquoi les Makú, ces semi-nomades d’Amazonie colombienne et brésilienne sont-ils des "intrus" ? Quelles sont les relations entre les agriculteurs sédentaires Haoussa et les pasteurs nomades, les Peuls Wodaabe ?

Avec

Philippe Descola, professeur au Collège de France, titulaire de la chaire Anthropologie de la nature, questionne les modalités et les institutions du vivre ensemble dans les collectifs non modernes, dans le cadre de sa série pluriannuelle, intitulée "Les usages de la terre. Cosmopolitiques de la territorialité". Engagé dans une entreprise de reconceptualisation de sa discipline, il interroge toute cette semaine le rapport à la terre de différents collectifs, les nomades de la mer, collectif libres et sans territoire, mais aussi les Makú que nous retrouvons aujourd’hui dans son analyse des collectifs encastrés, ces groupes sans "territoire propre, mais qui sont insérés dans l’espace d’autres collectifs dont ils dépendent partiellement", "non seulement pour l’usage de la terre, mais aussi, dans certains cas, pour l’accès à des puissances non humaines conditionnant cet usage".

Comment fonctionne la hiérarchie spatiale, quand les Makú sont réputés être arrivés les derniers ? Quelle est la mythologie à l’origine du peuplement local ? Comment progresse l’anaconda mythique vers l’amont et sa relation avec les groupes dominants et subalternes ? Phimippe Descola rappelle :

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"Les Makú sont vus par les Tukano comme des intrus qui se sont glissés dans les interstices du système où ils sont tolérés pour les services qu’ils rendent et parce que personne ne convoite l’hinterland dans lequel ils nomadisent".

Quand les uns sont pêcheurs au bord du fleuve, les seconds parcourent la forêt et échangent les fruits de leur cueillette et de leur chasse.

Puis, Philippe Descola nous présente un autre collectif encastré, entre sédentarité et nomadisme : les Peuls Wodaabe, nomades qui parcourent avec leur troupeau de zébus un large espace de la frange sahélienne. Ils creusent des puits et suivent à des dates différentes les mêmes trajets que les touaregs et les Bouzous. Mais c’est avec les Haoussa, que des relations de dépendance se nouent. C’est "une insertion dans les réseaux économiques des sédentaires" pour les Wadaabe. L’autre caractéristique de ces nomades, c’est la façon dont le bétail est une partie intégrante du collectif Wodaabe :

Bien plus qu'un "capital sur patte", le zébu "incarne une certaine qualité des rapports sociaux entre les membres du collectif".

L’anthropologue cite Bonfiglioli

"le troupeau est un langage par lequel l’ordre social peut être exprimé et sacralisé."

Mais avant de découvrir les enclos d’épineux des Wodaabe, interrogeons le régime animiste des Amazoniens et des Makú en particulier.

Et nous gagnons l’amphithéâtre du Collège de France, le 23 et le 30 mars 2016, pour le Cours de Philippe Descola, « Les usages de la terre. Cosmopolitiques de la territorialité », aujourd'hui, "les collectifs encastrés, Makú et Peuls Wodaaabe"

Pour prolonger :

Bibliographie liée à la série de Philippe Descola.

- extrait musical : « Gereol » par les Peuls Wodaabe dirigés par Ortoudo Bermo/CD Maison, Des Cultures Du Monde (260 081).