Que pouvons-nous savoir, au-delà des mythes et de débats des historiens, des réseaux marchands des juifs séfarades, convertis ou crypto-juifs, entre 1492 et 1510, après l’expulsion de la péninsule ibérique ? S’interroge Sanjay Subrahmanyam.
- Sanjay Subrahmanyam Professeur à l'université de Californie à Los Angeles, professeur au Collège de France, Chaire Histoire globale de la première modernité.
Nouvelle diffusion du 23 octobre 2018
Pourquoi Menasseh Ben Israël se rend-il à Londres pour rencontrer Cromwell en 1655 ? Et quelle est l’importance relative et absolue de l’arrivée de juifs séfarades, en tant que marchands dans l’Empire Ottoman ?
Historien polyglotte, Sanjay Subrahmanyam qui enseigne à l’université de Californie, est professeur invité au Collège de France, titulaire de la chaire d’ Histoire globale.
Il explore, cette année, dans la perspective de ses travaux autour des histoires connectées, les Réseaux marchands et les empires à l'époque moderne, analysant à l’appui de quelques images et surtout des textes, des nombreuses archives (lettres, récits de voyageurs, aujourd’hui enquêtes de l’Inquisition à côtés des documents comptables), les rapports entre le monde politique et celui des commerçants, des marchands qui étendent leurs activités économiques au-delà des mers.
Aujourd’hui, l’historien étudie la situation complexe des juifs, obligés de se mettre en réseaux, nous dit-il, pour fuir les persécutions, - celles d’Espagne et du Portugal, l’insécurité en Italie - et qui gagnent Anvers, l’empire Ottoman, et poussent leurs activités parfois jusqu’en Inde.
Ces juifs séfarades, quelquefois nouveaux chrétiens, et parfois faux convertis, ont-ils eu une situation avantageuse ou désavantageuse pour faire du commerce ? s'interroge l'historien. Au-delà des solidarités de réseaux, comment mesurer leur fragilité ?
Sanjay Subrahmamyam fait émerger quelques figures et parcours, celle d’une célèbre et riche marchande, au style espagnol, dans les rues de Constantinople et vivant dans le quartier européen, la belle Doña Gracia Nasi.
Il s’attache aussi au cas ambigu de Manuel Batista Peres, que l'on suit de Lisbonne à Séville, puis en Guinée où il exerce le commerce d’esclaves, en Angola et jusqu’au Pérou et à son procès d’inquisition en tant que "crypto-juif".
Nous gagnons l’amphithéâtre du Collège de France, le 11 avril 2018.
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