Comment la lumière du soleil est-elle étroitement associée au droit et à la justice en Mésopotamie ? Et… le pays du Soleil Levant ? Le Japon, a-t-il toujours été sous le signe de cet astre ? Quelle est la relation à la lune ?
- Dominique Charpin Assyriologue, professeur au Collège de France, titulaire de la chaire "Civilisation mésopotamienne"
- Jean-Noël Robert Professeur au Collège de France, spécialiste du bouddhisme japonais et de la civilisation japonaise
Comment la figure du roi, "en bon berger", "qui va chercher les bêtes égarées et les remet sur le droit chemin" joue-t-elle un rôle sur l’annulation des dettes en Mésopotamie ? Pourquoi « l’aurore embrumée » est-elle la lune du matin, au Japon ? Comment l’influence bouddhique a-t-elle pu rendre le soleil moins prépondérant ?
A l’occasion de « L'Année internationale de la lumière » en 2015, le Collège de France a invité chercheurs, artistes et ses professeurs, à réfléchir sur la lumière comme phénomène, comme métaphore et aussi comme courant historique, culturel et politique, dans le cadre de son colloque de rentrée, les 15 et 16 octobre, intitulé « Lumière, Lumières ».
**Dominique Charpin, professeur au Collège de France , spécialiste de l’époque paléo-babylonienne, titulaire de la chaire « Civilisation mésopotamienne », **nous propose d’analyser comment « l’idée que la justice consiste d’abord et avant tout à faire la lumière sur les faits à juger, se retrouve dans la civilisation mésopotamienne ». Il nous fait entendre la voix des rois, toute proclamation ou code qui a pu traverser les millénaires. Il nous met en face d’une passionnante « ’idéologie » liée à un acte de renaissance :
« le roi mésopotamien, nous dit-il, qui accédait au trône était semblable au soleil levant qui inaugure une nouvelle journée. Il remettait arriérés et dettes de sorte que tous puissent en quelque sorte repartir à zéro, avoir une nouvelle chance. »
Jean-Noël Robert, spécialiste de la culture et du bouddhisme au Japon, Professeur au Collège de France, titulaire de la chaire, Philologie de la civilisation japonaise, s’interroge sur l’image du « soleil levant » face aux « clartés lunaires », aux confluences des cultures japonaises et bouddhiques, dans sa contribution intitulée, « Lumière des bouddhas et poussière du monde dans la poésie japonaise médiévale ». Il explique :
« Si le soleil levant symbolise le Japon depuis les trois derniers siècles, la lune a tout autant de titre à se prévaloir de cette dignité, et sa clarté est peut-être plus riche encore de sens en ce pays que l'éclat aveuglant du soleil ». « La situation au Moyen Age japonais, nous dit-il encore, était beaucoup plus subtile : bien que la mythologie ait placé à l'origine du Japon la déesse du soleil Amasterasu, ancêtre de la maison impériale, et que l’appellation du Japon comme pays d'Origine du soleil eût été fermement implantée dès une haute époque, l'influence profonde du bouddhisme a évité ces facteurs primordiaux qui auraient pu déboucher sur un sentiment national exacerbé ne prennent une ampleur démesurée. »
Et nous gagnons l’amphithéâtre du Collège de France le16 octobre 2015, « Droit et lumière, de Sumer à nos jours » par Dominique Charpin, puis en deuxième partie, « Lumière des bouddhas et poussière du monde dans la poésie japonaise médiévale » par Jean-Noël Robert.
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