Épisode 10/10 : Les oeuvres retrouvées

Les textes littéraires dissimulent-ils plus facilement leurs mutilations et pourquoi n’avons-nous conservé que 32 tragédies grecques complètes d’Eschyle, Sophocle et Euripide et non pas d’autres ?

Nous voici au terme de la grande enquête que William Marx, titulaire de la chaire Littératures comparées, a consacré, en 2022, «  à la recherche des oeuvres perdues ». Dans le 3e cours, notre philologue a rappelé que « s’il y a un art de perdre les œuvres, c’est aussi, parce qu’il y a un lien intime, difficile, paradoxal, entre l’art, la création, la création du nouveau, et la perte elle-même des œuvres. (…) La création du nouveau provoque la perte, crée même le sentiment de la perte », a souligné le chercheur.

Dans le cours qu’il a consacré au fantasme du manuscrit perdu, William Marx a montré que « la perte des oeuvres est pour le pessimisme de Vigny un destin à peu près inéluctable, contre lequel il ne peut opposer que la figure du poète maudit, en exil, loin de la foule. La littérature devient le seul sauvetage possible, mais un sauvetage provisoire et précaire », a souligné William Marx, avant d’indiquer que « L’oeuvre perdue est le fantasme d’une époque qui veut croire encore et toujours, envers et contre tout, aux promesses de la littérature et de l’écriture ».

Après avoir posé les cinq forces de perte que « sont le pouvoir, l'opinion, l’indifférence, le hasard, et la création elle-même, après avoir mis en évidence l’ambivalence des forces de conservation, le philologue a rappelé que le passé est une sélection et que « notre représentation du passé est elle-même déterminée par la perte des oeuvres ». Dans le cours précédent, il s’est alors demandé si on pouvait élaborer une typologie des oeuvres perdues.

Nous gagnons le Collège de France le 5 avril 2022, pour le cours de William Marx, aujourd’hui « Les oeuvres retrouvées »