

Pourquoi se rebeller contre sa facilité à créer? Quels sont les défis de l’impératif de l’originalité pour les artistes ? S’interroge le sociologue Pierre Michel Menger. Qu’est-ce que le goût du non-fini en peinture? Qu’est-ce qu’on laisse apparaître ou non de l’élaboration de son oeuvre ?
- Pierre-Michel Menger sociologue, titulaire de la chaire Sociologie du travail créateur au Collège de France
Que signifie la passion pour les études, les esquisses ? Et d’ailleurs qu’est-ce qu’une "esquisse terminée"?
Pierre-Michel Menger, titulaire de la chaire de Sociologie du travail créateur au Collège de France et directeur d’études à l’EHESS, nous entraîne dans une grande enquête autour du « Travail et du processus de création » et de la question de l’achèvement ou non d’une oeuvre.
Dans le cours précédent, il rappelait :
"la réflexivité et la documentation par les artistes de leur activité sont devenues des ingrédients de plus en plus importants à mesure que la création a été gouvernée par l’impératif d’originalité."
Et nous verrons d’ailleurs comment Picasso a pu jouer avec la sincérité de la documentation de son travail.
Aujourd’hui, Pierre-Michel Menger, poursuit son interrogation de « l’éthique du travail en régime d’originalité et de créativité ». Qu'est-ce que le mythe de l'artiste surpris à l'oeuvre dans son atelier? Il note :
"L’enquête sur le travail créateur est tout autant une enquête sur les conditions de possibilité et de production de la différence non répétitive exigée par le principe d’originalité qu’une enquête sur la somme des contraintes, des influences, des héritages et des conventions qui restreignent la variabilité exigée par l’invention du nouveau. Mieux, il est improductif de vouloir penser ces deux forces (défi et exigence d’inventivité, contraintes restrictives) comme simplement opposées, elles entrent en composition."
Il questionne en particulier le "thème du jeu avec l’imperfection" et la notion variable de "fini", notamment dans l’atelier des peintres à l’honneur, dans ce cours.

Alors comment Vermeer avait-il besoin de plusieurs mois de travail minutieux pour achever ses œuvres? Quelles étaient ses relations avec les mécènes aux Pays-Bas, amateurs de "peinture fine"? Comment Rembrandt qui peignait plus vite, mais qui voulait garder le contrôle de son marché, occupe-t-il une position originale ? Comment s’articule chez ce peintre du XVIIe siècle, l’achèvement du tableau avec « l’idée d’avoir réalisé son intention »?
Comment Cézanne, à la césure du XIXe et du XX siècle, est-il le peintre "qui a appris à lutter pour faire plus avec moins, mais en ayant forgé un cadre d’invention picturale et une esthétique qui rendent cette réduction productive et féconde"? Demande Pierre-Michel Menger.
Et d’ailleurs quels sont les enjeux de la formule, « le moins, c’est plus », le célèbre « less is more » du poète Robert Browning? Pourquoi le tout jeune Picasso, doté de talents précoces en surabondance a-t-il dû lutter si dur pour se défaire de sa dextérité? Comment a-t-il compris justement que "le moins est plus"?
Quel moment crucial a pu être la composition du tableau monumental, « Les Demoiselles d’Avignon », en 1907? Comment selon la formule du critique Ernst Gombrich, « la grande démolition commence », Picasso « invente le jeu du cubisme? » Quelle est la « perfection de l’imperfection »?
Nous gagnons l’amphithéâtre du Collège de France, le 8 mars 2019, pour le cours de Pierre-Michel Menger, " Comment achever une œuvre ? Travail et processus de création" aujourd’hui « Less is more »
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