

Pourquoi mettre en miroir Lisbonne et Goa ? Comment Lisbonne est passée de la cité provinciale musulmane à un grand centre, capitale de l’empire portugais ? Comment Goa, la portugaise, sur la côte occidentale du continent indien, apparaît-elle beaucoup plus dominée par les bourgeois que Lisbonne ?
- Sanjay Subrahmanyam Professeur à l'université de Californie à Los Angeles, professeur au Collège de France, Chaire Histoire globale de la première modernité.
Sanjay Subrahmanyam, titulaire de la chaire d'Histoire globale de la première modernité, qui s’est partagé entre Delhi, Lisbonne, Paris et Los Angeles, comme il le raconte dans ses Leçons indiennes, ses itinéraires de chercheur polyglotte au service d’une histoire connectée et "trans-frontière", nous fait découvrir, cours après cours, cette semaine, différents modèles et cas de développements urbains, de centres politiques et économiques, dans le cadre de sa série intitulée, « Les plaques tournantes de l'histoire globale, XVIᵉ-XVIIIᵉ siècles : Carrefours et lieux de rencontre ».
Aujourd’hui et demain, il nous propose de nous pencher sur les villes et les empires et il met en miroir Lisbonne et Goa. Toutes deux sont musulmanes, secondaires, au départ et vont se développer après la conquête par les Portugais, devenir de grands centres à l’époque moderne.
Goa qui a pu être qualifiée de "Rome de l’orient" apparaît déclinée sur le modèle de la capitale d’empire, Lisbonne. Nous suivons les transformations des deux villes, leur paysage urbain, leurs compositions sociales, marchands italiens et nouveaux chrétiens à Lisbonne, minorités hindous et les _casados (_c’est le mot pour désigner les "bourgeois coloniaux de Goa"), les esclaves dans les deux cités marchandes…. La connaissance de Lisbonne a l’avantage par rapport à Goa de bénéficier de la découverte de deux peintures réalisées par un artiste anonyme flamand dont Sanjay Subrahmanyam commente l’apport. L’historien introduit cartes, chroniques, gravures et représentations "plus ou moins artificielles" pour faire revivre les deux cités florissantes.
Dans ses Leçons indiennes, il a repris un article qui raconte son premier séjour dans la capitale portugaise. "Sur l’histoire de Lisbonne et est celle du Portugal", il avait été "informé avant tout grâce à un Brésilien d'un certain âge, nommé Ferreira qui enseignait le portugais à l'université à New Delhi". C’est ce professeur qui l’avait initié à la langue avant sa rencontre avec un historien portugais Thomaz à Lisbonne qui achèvera son apprentissage du portugais. C’est pendant ce séjour qu’il plonge dans des archives souvent inédites : Sanjay Subrahmanyam note alors "le grand avantage d'avoir un réseau d'amis aux Archives" et raconte :
En me mettant à parler portugais je m’ouvris soudain de nombreuses portes. Je me liais d'amitié avec le groupe des jeunes historien Portugais aux archives, ils m'invitaient à prendre un café et me passaient des des notes à partir de leur propre recherche". "Régulièrement quelqu'un venait me tapoter l'épaule et me montrait un document provenant d'une collection sur laquelle il travaillait et qui pouvait m’être précieux.
Dans le cours de Sanjay Subrahmanyam, archives, historiens et idées sont en dialogue et ce matin, ce sont 2 villes et leur rapport à l’empire qu’il met en dialogue, Lisbonne et Goa.
Et nous gagnons l’amphithéâtre du Collège de France, le 25 janvier 2017, pour le Cours de SANJAY SUBRAHMANYAM, « Les plaques tournantes de l'histoire globale, XVIᵉ-XVIIIᵉ siècles : Carrefours et lieux de rencontre, aujourd’hui "des villes et des empires, Lisbonne et Goa, jeu de miroirs".
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